Le dispositif est extraordinaire et le propos très tenu.
La cinéaste a réalisé une centaine d'interviews dans des foyers d'hébergement en Californie, auprès de citoyens vivant au-dessous du seuil de pauvreté. Elle dispose chacun des protagonistes dans de petites vignettes rectangulaires sur un écran noir et fait se mêler leurs paroles, organisant des choeurs et des échappées. C'est très musical, donc très rythmé, mais surtout émouvant de voir que la pauvreté fait communauté. Une communauté de gens isolés, qui n'ont rien à partager, à part des mots, un passé, une géographie, des sentiments. Le cinéma est là pour les réunir, les faire sortir de leur photo d'identité et former un collectif, une mise en commun des idées, des données, des pensées autour de la pauvreté et de la solitude qui en résulte.