Un cauchemar de droite, créé par l'algorithme du Figaro.fr : un projet de construction d'éoliennes, des bobos néo-ruraux en agriculture raisonnée, des vrais ruraux sous-éduqués qui grognent et boivent et mangent du chat (si, vraiment), des questions morales autour de la vidéo-surveillance et du racisme anti-Français.
Après, c'est indéniablement un cinéma ambitieux, qui déploie des affects, des signes, des temporalités, et qui s'en donne les moyens. Il y a de la durée qui passe dans certaines scènes et nous donne l'impression qu'elles respirent, ou du moins qu'elles sont maîtrisées. Mais c'est terriblement grossier.
Au milieu du film, le cinéaste accorde une scène (trop sympa) aux paysans méchants pour qu'ils s'expliquent. Et soudain, ils parlent (alors que jusqu'à présent ils se contentaient de grogner "ruralement") - mais pour dire quoi ? Qu'ils sont pauvres et conscients de l'être... Grosse surprise : les gueux ont une conscience. Sorogoyen ne parvient pas du tout à transformer ses pions en personnages.
La scène d'affrontement mère/fille est un sommet de fabrication, qui va dans le même sens. On ne voit que les enjeux, la tactique déployée. Mais rien ne vit. Ca tombe à plat. Ca sert la soupe, c'est tout.
Quant à la fin (le sourire de l'héroïne), non seulement elle est obscène, mais en plus elle sonne faux.
Comme quoi, le cinéma, ce n'est pas seulement fait pour épater.
(Pendant le film, j'ai pensé à L'Intrusa de Leonardo di Constanzo, qui essaie à peu près de dire la même chose, mais de façon autrement plus subtile, complexe et digne.)