Long way home (Night comes on en V.O) trace sa route avec grâce dans une douceur de ton qui suit une longue période de violence pour sa jeune héroïne. Toutes peines confondues, parviendra t-elle à l'étape de la résilience ou succombera t-elle à une sorte de déterminisme social, tout l'enjeu du premier long-métrage de Jordana Spiro tient dans cette alternative. Un exemple de cinéma indépendant américain, dans un sens assez stéréotypé, que la minceur de son scénario n'aide pas mais qui se trouve rehaussé par une mise en scène agile et délicate et surtout une direction d'acteurs, d'actrices en l'occurrence, largement au-dessus de la moyenne. Long way home aurait pu se laisser aller à des flashbacks signifiants, il n'en est rien et l'on sait gré à la réalisatrice d'installer son personnage principal sur une courte durée pendant laquelle, on n'en doute guère, se joue sa vie future. Le film ne cesse jamais de jouer la carte de l'humilité, refusant de s'engoncer dans des explications psychologiques superfétatoires lui préférant une captation naturaliste dans une atmosphère presque ouatée, parfois poétique, préservant malgré tout une tension sous-jacente qui devra éclater ou finalement s'apaiser. Cette première réalisation est plutôt aboutie sur le plan du style et fait oublier un manque d'étoffe narrative. A voir si, à l'avenir, Jordana Spiro réussira l'alliance de la forme et du fond pour nous donner une oeuvre mémorable. On peut raisonnablement parier là-dessus.