Ce n'est pas un scoop de dire que Michael Crichton a toujours eu une fascination/répulsion pour les nouvelles technologies (informatique, robotique, nanotechnologie, manipulations génétiques...).
Il n'y a qu'à voir sa bibliographie et sa filmographie pour s'en convaincre.
Voici donc venu Looker, sorte d'allégorie sur le pouvoir de la télévision qui s'exerce sur les téléspectateurs, rendus amorphes et hypnotisés par cette technologie.
Et nous ne somme qu'en 1981!
Imaginons un remake traitant des technologies actuelles telles que les chaines du satellite, les tablettes et autres smartphones...
Crichton scénariste se penche sur une multinationale (Reston Industries), dont le créateur (John Restona.k.aJames Coburn) vient de mettre au point un programme informatique révolutionnaire, capable d'inciter agressivement les téléspectateurs à acheter des produits courants, mais le but est en fait d'influencer inconsciemment le public pour faire élire le sénateur Robert Harrison.
C'est ce que découvrira par hasard le Docteur Larry Roberts (Albert Finney) - un chirurgien esthétique renommé - après les morts mystérieuses de trois de ses récentes clientes.
Il découvrira que celles-ci étaient "modèles" dans une entreprise spécialisée dans la manipulation de l'image: Digital Matrix, qui a crée une arme révolutionnaire:
le Looker ( Light Ocular-Oriented Kinetic Emotive Responses soit Lumière Oculaire Axée sur les Réponses Émotives et Cinétiques ) capable de mettre sa victime dans une transe hypnotique, l'amenant finalement à perdre toute notion du temps, permettant ainsi à l'utilisateur d'agir comme bon lui semble.
Looker est ce qu'on appelle un film visionnaire car Crichton imagine avec 40 ans d'avance la manipulation de l'image via les CGI renvoyant à celles actuelles de l'I.A.
Ne serait-ce que pour ça, le film se doit d'être vu !
Alors bien sûr, Looker n'est pas exempt de défauts, loin s'en faut.
Sa réalisation est un peu datée mais se permet quelques scènes anxiogènes et une autre (la fusillade dans les locaux du Dr. Roberts) rappelant celles de Ghost In The Shell où l'on retrouve les mêmes gimmicks visuels (les vitres touchées par les rafales) et sonores (les tirs automatiques secs), mais surtout, le montage présente quelques ellipses bien étranges, comme la séquence où l'on retrouve le duo Roberts/Cindy Fairmont dans une séquence de course-poursuite sans amorce aucune et surtout la fin, où
après que le lieutenant Masters ait abattu Relston, il disparait et on a droit à une ridicule scénette/happy-ending, où le couple Roberts/Fairmont s'en va en rigolant,
dédramatisant tout le climax final.
Je n'ai aucune idée de ce qui a pu arriver, mais ça sent le remontage à plein nez.
Il est à noter que nous n'apprenons jamais dans le film pourquoi Reston a fait éliminer les trois modèles (Lisa, Tina et une autre off-screen), mais...seule la version télé -un comble- réintégra la fameuse scène en question (7 mn 52 quand même !) nous expliquant le motif concernant les meurtres des 3 modèles:
Reston
expliquera en effet à un Larry médusé, que comme dans toutes entreprises, on détruit les prototypes, pour empêcher qu'un concurrent puisse s'en servir ou s'en inspirer...ce qui ici s'illustre par les "accidents" des trois femmes via le fameux gun
L.O.O.K.E.R.
Looker peut paraitre un peu daté par certains visuels mais il est quand même le premier film à présenter des images créées par ordinateur, peu de temps avant Tron.
La B.O de Barry De Vorzon est relativement efficace (surtout le morceau du climax final If Looks Could Kill : https://www.youtube.com/watch?v=ErGbsVT9lPg, où la musique électronique répétitive est hypnotique, illustrant donc parfaitement la manipulation de l'image/la vérité) et s'insère très bien dans le courant musical des scores 80's comme celui de Michel Rubini pour Manhunter, ceux de Tangerine Dream avec Thief ou The Keep...
En résumé, Looker est un techno-thriller plutôt bon et s'inscrivant parfaitement dans l’œuvre de feu Michael Crichton.