Et la boucle est bouclée.
Parfois une histoire bascule en quelques secondes. Celles d'un dénouement, d'une conclusion qui va vraiment décider si le tout est convaincant, a un sens ou est tout simplement intéressant. Jouer sur le « mais comment tout cela va-t-il finir ? » permet de garder l'attention du spectateur jusqu'à la fin, mais fait prendre le risque d'une brutale déception qui effacera toutes les qualités de ce qui a précédé. Mais quand la fin est bonne, le film l'est aussi du coup. C'est exactement le cas de Looper, un film de science-fiction sûrement pas révolutionnaire, mais qui se révèle au final convaincant.
Les voyages temporels peuplent la science-fiction depuis Georges Orwell en 1895 et sa Machine à Explorer le Temps. C'est donc un thème largement exploité, pour ne pas dire surexploité, mais qui offre tellement de possibilités que l'imagination humaine n'a pas fini d'y puiser de l'inspiration pour nous livrer encore et encore de nouvelles histoires. Looper se situe donc dans cette grande tradition et si l'idée de base est inédite dans ses détails, le principe général du film est lui assez classique.
Heureusement, le dernier rebondissement est à la fois inattendu et convaincant. Il fait définitivement basculer le film du côté de la réussite et donne une toute autre ampleur au scénario. On tient là une bonne histoire, du début à la fin, qui nous tient plus en curiosité qu'en haleine, mais qui en tout cas, nous maintient loin de l'ennui et suscite même chez le spectateur un réel intérêt et une vraie impatience de connaître le dénouement. C’est avant tout sur son scénario qu'il repose.
On se situe dans un futur très proche. Du coup, rien de très spectaculaire niveau progrès technologiques ou anticipation de nos futurs modes de vie. Le scénario alterne scènes d'action et avancées de l'intrigue, mais ne tombe jamais dans la surenchère visuelle. On est dans l'ambiance d'un thriller mais certainement pas dans un space-opera. Le voyage temporel est un prétexte pour développer une histoire complexe et faire vivre des personnages, pas simplement contenter les amateurs de science-fiction pure et dure.
La réalisation est donc plutôt sobre et totalement au service de l'histoire. C'est là que réside la principale limite de Looper qui ne dépasse pas, à cause de cela, le stade de divertissement très réussi. Il n'y a pas là matière à film culte, comme Blade Runner. Il lui manque un brin d'esthétisme qui aurait pu pourtant coller avec l'ambiance parfois assez sombre. Mais ceci n'est qu'un léger regret car, encore une fois, on est assez pris dans l'histoire tout au long du film pour ne pas penser à tout ça et pour que le plaisir ne soit en rien gâché. On peut également ajouter que créer une atmosphère esthétique aussi particulière a un film de ce genre était une prise de risque donc il vaut mieux des petits regrets qu’une énorme déception.
Le casting est très professionnel. Aussi bien Bruce Willis, que Joseph Gordon-Levitt et Emily Blunt s'acquitte de leur rôle de manière convaincante, sans y mettre cependant trop de génie.
Joseph Gordon-Lewitt : J’avoue que depuis quelques temps je suis attentivement sa carrière car c’est un acteur montant que j’ai découvert avec Inception et que je trouve bon. Dans ce film, il est tout simplement à la mesure de son rôle avec toute l’ambiguïté de ce de tueur à gage qui voit sa vie basculer du jour au lendemain.
Bruce Willis : Il s’adapte bien à son personnage et on retrouve le Bruce Willis qui a du talent et non pas celui qui a de la gueule. Un personnage confronté a lui-même qui ne vit que pour et par l’amour de sa femme. Blessé moralement, affaiblis psychologiquement, il est ici un très bon acteur.
Un film original qui a su se démarquer des autres films dont le point central est le voyage dans le temps. Le fait que l'on ait plusieurs histoires et plusieurs possibilités brouille les pistes mais rend l'intrigue encore plus savoureuse. Et les effets spéciaux en support viennent apporter un peu plus de réalisme à un film dont la principale qualité est de ne pas en faire trop. Point de vue réalisation, c’est efficace sans être révolutionnaire. Mais on ne s’ennuie pas un instant et c’est déjà bien.
Vous l’aurez compris, j’ai été agréablement surpris !