Quand on sait que la majeure partie des évènements sont véridiques, que tout le monde le sait et que personne ne fait rien (ou ne peut rien faire), ça fiche un peu la trouille. "Il y a plus de 550 millions d’armes dans le monde. Cela représente une personne sur douze armée. La seule question à se poser est de savoir comment armer les 11 autres." Voilà une des premières phrases du film, ça donne le ton après le générique très bien ficelé montrant le voyage d’une balle, depuis sa fabrication jusqu’à son utilisation. Andrew Niccol, après une comédie sur le virtuel assez moyenne, passe à un film assez lourd et très engagé, contre son pays, mais pas seulement… Nicolas Cage, habitué aux rôles de héros se retrouve ici en diablotin qui finit Grand Diable avec un D, dénué de pitié, compassion et même de conscience : il vend des armes comme il vendrait du pain. Le pire, c’est qu’on finirait presque par se prendre d’affection pour ce Yuri à la répartie impressionnante et franchement intelligent… Autour de lui, et de son fric gravite sa femme qui ne pose pas trop de questions, qu’il a eu à coups de biftons, son frère (Jared Leto… noyant sa conscience dans la drogue) un poil déjanté, qui semble avoir hérité de toute la sensibilité que son frère n’a pas eu, et des revendeurs et trafiquants de tous poils. Un pamphlet bien ajusté et bien ficelé, faisant un constat chirurgical sur la situation mondiale à l’aide d’un anti-héros assassin par procuration qui pourrait être n’importe qui… Et comme dirait l’autre :"Vous savez qui va hériter de la Terre ? Ce sont les trafiquants d’armes parce que tous les autres seront trop occupés à s’entre-tuer". Un film efficace et en tous points terrifiant.