Terre promise
Le début de Los reyes del mundo, urbain et agité, laisse à penser que le deuxième film de Laura Mora, lauréat de la Concha de oro à Saint-Sébastien, va s'inscrire dans une mouvance ultra réaliste...
le 28 sept. 2022
4 j'aime
Un film sombre, âpre et violent. Un road movie halluciné dans une Colombie fantomatique, peuplée de brutes et de fous, des rues populaires de Medellin aux montagnes ravagées par la guerre civile et tenues par les milices des grands propriétaires terrien. Des images d'une nature exubérante et hostile, avec ses précipices, sa jungle et ses cols embrumés. Une histoire qui oscille sans cesse entre réalité et rêves, sans que l'on ne sache jamais véritablement démêler ce qui advient de ce qui procède des substances hallucinogènes absorbées par Ra et ses potes. Ra et ses potes : une bande de gamins des rues qui se lance dans une quête folle et désespérée.
Au-delà de la parcelle dont Ra est censé avoir hérité, c'est une terre promise qu'ils recherchent. Un idéal de justice et de vie digne. Avant d'atteindre leur Graal, ils apprendront que seuls les vieux, les putes et les fous les respectent. Ils en dresseront une barricade qui n'aurait pas déparé dans les rues de Paris ces dernières semaines. Mais ils n'ont pour eux que leur joie, leur solidarité et quelques feuilles de papier froissées qui donnent au rêve un semblant de vraisemblance. Ils n'avaient que leur dignité à perdre, ils ne la perdront pas...
On pourrait voir le film comme une allégorie ou comme une dénonciation du capitalisme en Colombie, voire en Amérique latine, voire en Amérique tout court. On finirait d'ailleurs par se dire qu'en Europe, on est engagé sur le même chemin. Le film est plombant, c'est certain, d'autant qu'il est très bien fichu et que le spectateur ne connait pas un seul moment de détente : les quelques instants qui pourraient s'y prêter sombrent très vite dans le délire. Trop perturbant pour respirer un bon coup. Mais c'est à voir : plutôt avant un bon apéro, pour s'en remettre, qu'un dimanche soir, par exemple veille d'entretien de carrière avec le petit chef qui vous pourrit à longueur d'année.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vu au cinéma en 2023
Créée
le 2 avr. 2023
Critique lue 633 fois
5 j'aime
D'autres avis sur Los reyes del Mundo
Le début de Los reyes del mundo, urbain et agité, laisse à penser que le deuxième film de Laura Mora, lauréat de la Concha de oro à Saint-Sébastien, va s'inscrire dans une mouvance ultra réaliste...
le 28 sept. 2022
4 j'aime
Ce sont des gosses de rues, des chiens perdus sans collier : le groupe d'adolescents livré à lui-même dans les rues violentes de Medellin semble ouvrir la voie à un hyperréalisme, du type de "La cité...
le 16 oct. 2024
La vie n'est pas tendre dans beaucoup de coins du monde pour les petits, les faibles et les doux. On le sait bien, c'est une idée abstraite déjà assez pénible comme ça. Quel besoin de tourner le...
le 10 mars 2024
Du même critique
Ce qui frappe avant tout dans ce film, c'est l'extrême jubilation avec laquelle les acteurs semblent jouer leur rôle. Du coup, ils sont (presque) tous très bons et ils donnent véritablement...
Par
le 2 sept. 2015
42 j'aime
5
Un pamphlet au vitriol contre une certaine bourgeoisie moderne, ouverte, progressiste, cultivée. Ou du moins qui se voit et s'affiche comme telle. On peut être d'accord ou non avec Bégaudeau, mais...
Par
le 15 avr. 2019
32 j'aime
7
Pedro Almodovar a 72 ans et il me semble qu'il soit désormais devenu une sorte de notable. Non pas qu'il ne l'ait pas mérité, ça reste un réalisateur immense, de par ses films des années 80 et du...
Par
le 14 déc. 2021
25 j'aime