Pour sa première réalisation, Ryan Gosling entraîne la plantureuse et talentueuse Christina Hendricks, la non moins talentueuse Saoirse Ronan et Iain De Caestecker dans un film sombre lorgnant du côté de Lynch.
Au milieu d'une ville fantomatique à l'abandon est vouée à la destruction, Billy tente tant bien que mal de sauver son foyer en rachetant sa maison avant que celle-ci ne soit réduite en poussière par les bulldozers. Son fils Bones essaie à sa manière de subvenir aux besoins financiers de cette famille sans figure paternel. Partagé entre son quotidien à la recherche d'un peu de cuivre à revendre et son petit frère, il devra faire comme sa mère des choix difficiles pour atteindre son but.
Visuellement, Lost River est une perle. La photo, les lieux et les images réussissent à sortir la ville de son contexte réaliste. A sa manière et malgré le déroulement du scénario à divers endroits, le film s'apparente à un huit-clos. La majorité des situations montrent des personnages pris aux pièges. La grand-mère est prise au piège de son passé, Bones de Bully, Billy de sa situation (puis de la coquille) et tous sont liés par cette ville dans laquelle ils semblent enfermés. Fort, sombre et inquiétant par cette ambiance qui donne l'impression d'être dans un univers parallèle, Lost River nous entraîne avec brio dans des situations qui reflètent brillamment les états d'âmes de chacun des protagonistes à la recherche d'un peu de lumière dans un quotidien terne. Une belle réalisation, intelligente et oppressante grâce à une bande son sublime de noirceur. Un premier film qui donne envie de suivre l'évolution de Ryan Gosling en tant que réalisateur et qui laisse espérer un futur brillant en espérant qu'il trouve son identité propre.