Il était une fois des monstres marins...

Avec sa première réalisation, l'acteur Ryan Gosling nous livre un film d'ambiance, un conte aux accents de cauchemar, répondant au nom de Lost River. Il vous faudra adhérer aux propos du film et à la manière dont ils sont abordés au risque que certains spectateurs restent sur le bord de la rive.
Je me suis laissée happer et entraîner par cette histoire et cette réalisation nébuleuse. Lost river est un film est assez trouble et macabre, les enjeux y sont incertains mais, l'errance bien réelle.
On peut affirmer sans ombrage que Lost River est esthétiquement et visuellement très abouti. Certains ont pu lui attribuer ou lui reprocher de faire référence à d'autres réalisateurs, références totalement assumées par Gosling. Il ne se cache pas de dire que Nicolas Winding Refn (Drive, Only god forgives...) est son réalisateur préféré et qu'il aime beaucoup son travail ainsi que ceux d'autres grands noms du cinéma tels que Gaspard Noé et Derek Cianfrance. Qu'on jette la première pierre à celui qui ne s'est jamais inspiré de ses paires. Malgré tout, ce n'est pas quelque chose qui m'a forcément frappé pendant la projection. Même si l'utilisation des néons et les couleurs roses/violettes font indéniablement penser à Winding Refn quand même. Je trouve que Gosling parvient finalement à naviguer dans ces hauts troubles pour offrir un film assez personnel.



En tant qu'acteur, je suis passée des films ancrés dans le réel de
Derek Cianfrance à l'imaginaire de Nicolas Winding Refn. Je pense que
j'ai oscillé entre ces deux extrêmes parce que ma propre sensibilité
de réalisateur se situe quelque part entre les deux, précise
l'acteur-réalisateur.



J'ai beaucoup aimé l'utilisation des couleurs. On peut saluer le très bon travail du chef opérateur Benoît Debie. L'e choix des cadres est recherchée et judicieux. J'ai apprécié ces cadres un peu flottants, qui se dérobent derrière des personnages. Lost River est un conte aux notes horrifiques, où le chemin compte sûrement plus que là où il nous emmène. La bande originale est très soignée et ajoute à la dimension immersive du film, telle une nappe flottante de brouillard ou d'eau qui recouvrerait cette petite ville. La musique de Lost River est signée Johnny Jewel, compositeur de Bronson de Nicolas Winding Refn et qui a également participé à la bande originale de Drive. Chritina Hendreick est sublimée par la caméra de Gosling qui ne laisse pas Eva Mendes en reste et lui offre un rôle de reine du macabre.


Lost River est un film d'ambiance, une expérience presque sensorielle, un trip esthétique et poétique sur une famille unie au cœur d'une ville délabrée. Il y a quelque chose de fragile et de fébrile qui se dégage de ce film, comme si Gosling s'excusait par avance de se frotter au difficile exercice de passer derrière la caméra.
Avec sa première réalisation, Ryan Gosling nous entraîne dans un conte sombre et onirique, à la narration lente et à l'esthétique recherchée, un film sensible où l'impalpable et les fantômes côtoient des êtres de chair et de sang, de sang surtout.
On aime ou pas, mais une chose est sûre, on en parle.

Milady
8
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le 15 mai 2015

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Milady

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