Étant un fan accompli de Nicolas Winding Refn et de Ryan Gosling, Lost River s'était classé directement comme étant le film que j'attendais le plus cette année. Accablé par le public lors du festival de Cannes, Ryan Gosling signe ici un film à la hauteur des espérances.
Ce long-métrage nous plonge dans un univers complexe ayant pour axe central le reflet de l'enfance du réalisateur. Il s'agit ici d'un film personnel puisqu'en dehors de la fiction, un vécu y est retranscrit.
Ainsi pour ses débuts derrière la caméra, Ryan Gosling a imprégné son œuvre de sa vie personnelle, de sa personnalité et sa vison, et de ses expériences cinématographiques. Pour ce dernier, il s'est beaucoup inspiré de Nicolas Winding Refn et Derek Cianfrance, deux réalisateurs avec qui il avait collaboré par le passé. Le premier pour le côté esthétique du film (nous y reviendrons), le deuxième pour le côté caméra à l'épaule et gros plan des personnages permettant de percevoir pleinement les émotions. Et comment ne pas citer Stanley Kubrick lorsqu'on parle d’esthétisme dans un film alors qu'il est le père de celui-ci.
Lost River est magnifique et utilise une palette de couleur hallucinante ! Tout à l'air tout droit sorti d'un film fantastique mais les décors sont réels et les couleurs (mis à part le violet) sont naturelles. Là où Gosling a su se démarquer de son modèle Winding et de son Only God Forgives, c'est qu'il réussit à mélanger avec brio le macabre et le poétique pour n'en faire qu'un. Le film se montre donc envoûtant et à la fois chaotique. Il alterne entre les deux genres de manière continue et magnifiquement construit en étant propre aux scènes et à l'histoire qu'il raconte.
Le film est assez lent mais est nécessaire à mon goût pour contempler les décors et s'imprégner des sentiments que veulent transmettre les personnages.
Le spectateur s'émerveille et ressent du malaise à longueur de temps. Entre frisson, tension et dérangement je n'avais pas ressenti autant d'émotions dans un film depuis Drive.
Le réalisateur s'est entouré pour son équipe de Christina Hendricks avec qui il a joué dans Drive, de Johnny Jewell, compositeur de la musique de celui-ci et de Benoît Debie, directeur de la photographie d'Enter the Void.
Gosling va jusqu'au bout de ses idées et l'histoire, n'étant pas pour autant originale, met en avant les acteurs laissant libre court à leur talent.
Ici Christina Hendricks et Saoirse Ronan sont justes sublimes et tout simplement criantes d'émotions.
Note spéciale pour Matt Smith (Docteur Who) campant ici un connard fini digne d'un Geoffrey Baratheon et pour Eva Mendes dans un rôle totalement décalé et lugubre.
Les décors et les jeux d'acteurs ne sont pas les seuls critères qui font de Lost River un chef-d’œuvre ; la musique y est également de mise. Ici encore, celle-ci est inscrite aux moments du films qui lui correspond le mieux. Et participe donc au frisson exaltant que procurent certaines scènes.
En conclusion, Ryan Gosling retranscrit dans son premier long métrage tout ce que l'on aime dans l'acteur en signant l'un des meilleurs films de l'année et en s'ouvrant une nouvelle voie : celle des réalisateurs.
https://www.youtube.com/watch?v=ZKjtqJ-VO38