On suit Bones et sa mère, dont la maison est menacée de démolition alors que leur ville devient inhabitée. Il n'y a plus que des restes, un énorme terrain vague où Bones essaie de récupérer du cuivre et de le vendre pour vivre un peu plus longtemps dans son quartier qu'il ne veut pas quitter, hanté par Bully, une racaille qui veut régner sur la ville fantôme. De son côté, la maman tente de se faire de l'argent et va se retrouver engagée dans un cabaret bien inquiétant.
Vous aimez les jeux de lumière colorée, les musiques au synthé, les images qui parlent d'elles mêmes ? En clair, vous aimez les films comme Drive ? Vous aimerez peut-être bien Lost River.
En terme de son et lumière, c'est extrêmement travaillé. On a des images splendides, toutes les couleurs de l'arc-en-ciel y passent. Le film a un côté très onirique avec cette ville mi-abandonnée, mi-engloutie, on a quelques scènes surréalistes qui donnent de beaux tableaux. Le cabaret est lui-même un spectacle très étrange qui attire l'attention autant qu'il dégoûte. Certaines scènes sont hypnotisantes, d'autres maintiennent le suspense. Du bon au niveau de la réalisation.
Vous préférez les films où il se passe quelque chose, où l'on a une vraie progression ? Vous n'aimez pas les trucs assez violents/dérangeants plus ou moins gratuits ? Vous avez bien moins de chances d'aimer Lost River.
Parce que le film se repose tellement sur son ambiance et ses personnages à la dérive qu'il se montre bien lent. Les thèmes du film ne manquent pas d'intérêt (l'attachement à ses racines, l'attrait pour la violence), mais il faudra être capable de supporter ce genre de rythme pour en profiter. La finalité de tout ça me semble pourtant un peu douteuse. Je ne suis pas allergique à la violence mais la cruauté trop gratuite me déplaît. Le film livre une critique de la fascination que l'on a pour le sordide, mais je le trouve lui même concerné par ce qu'il critique. Ces images et scènes peu ragoûtantes m'ont parues parfois mises en valeur et donnent l'impression que le cinéaste Ryan Gosling veut imiter Refn (qui est lui même un peu borderline dans Drive). C'est tape-à-l'oeil et ça semble davantage servir à satisfaire "notre" soif de morbide qu'à la critiquer efficacement. En plus le film semble donner raison à des actes qui servent de conclusion au film mais dont la moralité me paraît douteuse. Là encore, tout dépend de notre façon d'interpréter ce que l'on voit. Quelqu'un d'autre pourra y voir une mentalité plus innocente sans avoir tord. Il n'empêche que quand je prends du recul sur ce que j'ai vu, je me dis que cette fin ne résout rien alors qu'elle est présentée comme une conclusion.
Je suis donc un peu perplexe devant les intentions de Ryan Gosling. Je ne suis également pas fan de ce genre de production qui peut facilement m'endormir, mais là ça ne concerne que moi. J'en garde néanmoins des images fort intéressantes en tête et quelques scènes prenantes. Merci aux musiques et à l'éclairage.