Les adaptations de BD française au cinéma sont de plus en plus fréquentes, et que ce soit « Titeuf, le film », « La vie d’Adèle », « Persepolis », « Quai d’Orsay », ou bien les derniers Astérix pour le plus médiocre (enfin sans compter le dernier d'Astier), il y en a pour tous les goûts. Mais il est utile de préciser que ces adaptations sont toujours meilleures lorsque c’est leur auteur lui-même qui s’y colle. Car si être auteur de BD ne veux pas forcément dire être un bon réalisateur, en tout cas, ça aide. Et ça donne parfois des résultats aussi réjouissants que « Lou ! journal infime » sortie dans nos salles la semaine dernière.
« Lou ! » c’est d’abord une série de bande dessinée jeunesse de Julien Neel comptant six tomes depuis 2004, un succès de librairie et un exemple de série tout public pouvant satisfaire du plus jeune chérubin aux plus grands enfants.
Pour ce qui est du film, il reprend le cadre général de la BD, c’est-à-dire la vie d’une mère célibataire et de sa fille de 12 ans, en se concentrant sur leur quotidien, leurs amis, leurs sentiments, etc. Cela, le film le fait à merveille, et fait évoluer ses personnages au fil des séquences de manière très fluide. Mais la plus grande réussite de ce film réside sûrement dans son esthétique : les décors, tout comme les idées de mise en scène et les cheveux des différents personnages, sont foisonnants et touchent parfois le sublime. L’appartement de Lou est rempli de petits détails, des babioles, des dessins sur le mur, tandis que les décors extérieurs sont surréalistes avec des intégrations intelligentes d’images de synthèse, tout cela dans une ambiance colorée et chatoyante. D’ailleurs, Julien Neel n’hésite pas à confronter ces décors chaleureux à ceux, beaucoup plus froid, du collège de Lou et des maisons de ses amis. A noter quelques passages en animation qui s’intègrent parfaitement au récit, en plus d’être fichtrement bien réalisés.
Si « Lou ! » est foisonnants dans son esthétique, il l’est aussi dans ses thèmes abordés. Il développe le passage à l’adolescence, la dépression, la joie de vivre, et la confrontation entre l’intolérance et la désillusion de la vieillesse avec la candeur et la créativité de la jeunesse tout en restant cohérent, et ce n’est pas peu dire. Ce que l’on pouvait craindre, c’est que le film tombe dans la niaiserie et la mièvrerie en manquant parfois de subtilité, et c’est plutôt le cas dans une ou deux séquences, et dans la voix-off de Lou, trop présente et trop peu utile, qui laissent le spectateur un peu perplexe. Néanmoins, pour un film tout public, on peut dire qu’il réussit son grand écart avec les honneurs, à l’image du jeu des acteurs qui, s’il paraît parfois artificiel, est la cause de très nombreux éclats de rire vraiment sincères.
Drôle, développant un univers d’une richesse incroyable, « Lou ! Journal infime » est une excellente surprise, une preuve que le cinéma français a encore de l’inventivité, et surtout de l’avenir. Car c’est peut-être aussi grâce la bande dessinée que le cinéma français réussit encore à se renouveler et ce n’est pas la sortie du film d’animation « Zombillénium » l’année prochaine, ou l’adaptation de « Polina » et "Le Combat ordinaire" en productions qui vont nous contredirent.