Caricature(s)
Dans son sixième long-métrage, Emmanuel Bourdieu traite de l’une des figures les plus controversées de la littérature française : Louis Ferdinand Destouches, dit Céline. En résulte une œuvre...
Par
le 16 mars 2016
12 j'aime
Difficile de décrire la catastrophe absolue qu'est ce Louis-Ferdinand Céline réalisé par un type que je ne connais pas, mais avec Denis Lavant que j'aime beaucoup... mais chez Leos Carax et sans doute pas chez Bourdieu fils. Le film n'est pas seulement mauvais, c'est un mauvais films sur un grand écrivain français, un film constamment dans l'excès, la caricature, ce qui rend Denis Lavant juste insupportable, mais en plus le message est totalement con.
Le film raconte la rencontre entre Milton Hindus et Céline en 1948 alors qu'il est au Danemark et qu'il est accusé en France de collaboration.
Alors je veux bien croire que Céline soit un type détestable, je n'ai pas lu le bouquin d'Hindus, mais j'ai lu presque tous ses romans, ses pamphlets et j'ai lu ses lettres à son éditeur et c'est pas l'exemple de la personne qui semble saine d'esprit ou de bonne foi. Mais c'est justement pour ça qu'il est si brillant, car il arrive à décrire le quotidien, la haine, la rancœur, la bassesse du pauvre type que l'on est tous... Donc je ne suis pas surpris d'y voir un type peu recommandable, mais voir Denis Lavant en roue libre et tenter un cosplay de Dujardin dans The Artist la parole en plus ça me donne la nausée. Ici on n'a aucune finesse, aucune subtilité, rien... Juste du mépris pour Céline.
On a une construction totalement manichéenne où le gentil écrivain juif américain va rencontrer son idole Céline le nain (ouais là il est nain) et qui semble avoir 70 ans. Je sais que Lavant fait plus que son âge et qu'en réalité il a l'âge qu'avait Céline en 1948, qu'il est petit, bien que je n'aime pas l'exercice d'imitation de la part d'un acteur, si c'est pour faire n'importe quoi autant demander à Meryl Streep de jouer Céline vu qu'elle croit qu'elle peut tout jouer histoire qu'ils assument le délire parodique totalement absurde... Disons que ça tient plus de la farce que d'autre chose. Mais ça reste vraiment dérangeant vu qu'en voyant la taille de Lavant le premier truc que j'ai fait c'est chercher sur mon portable la différence de taille entre les deux... Lorsqu'on imagine Céline comme un grand type, voir un nabot à l'écran ça fait bizarre quand même...
Mais bon admettons... ça aurait pu passer si ce n'était pas un concours de crises d'hystérie sans aucun moment de tendresse. Céline est un salaud tout le long, jamais il n'a une pensée positive, jamais il n'a une action désintéressée, un truc sympa à dire, rien... Tandis que l'autre semble être le gendre idéal. Quelque part j'ai l'impression que Bourdieu fait tout pour qu'on s'identifie à Hindus, genre le jeune type fasciné par Céline, où on est prêt à tout excuser et même à le défendre pour sa collaboration durant la seconde guerre mondiale, pour ensuite mieux nous dégoûter de Céline.
Le film se conclut même sur un carton pour dire qu'ensuite Hindus fait prof dans une fac financée par la communauté juive, il se dit juif avant d'être américain, etc. Difficile de faire plus grossier. Je me suis même assez consterné. On a un film extrêmement moralisateur disant qu'il ne faut jamais s'acoquiner de gens comme Céline, de vilains antisémites qui ne vont jamais pouvoir apprécier les juifs et qui feront semblant juste pour les manipuler et qu'ils les aident à arrêter de passer pour les antisémites...
Le film ne dit rien sinon ça... Le film ne dit rien sur l’œuvre de Céline, sur la littérature, sur la création... Il est tellement dans l'excès qu'il ne dit rien sur Céline lui-même qui passe pour un malade mental plus que pour autre chose.
Et pire on voit à peine Bébert 10 secondes...
Donc vraiment c'est un ratage total et ça l'est d'autant plus que c'est prétentieux, que ça prétend raconter un truc, que ça se veut un peu pièce de théâtre au cinéma, sauf que vu la nullité des dialogues...
Créée
le 30 mai 2017
Critique lue 2.4K fois
17 j'aime
8 commentaires
D'autres avis sur Louis-Ferdinand Céline
Dans son sixième long-métrage, Emmanuel Bourdieu traite de l’une des figures les plus controversées de la littérature française : Louis Ferdinand Destouches, dit Céline. En résulte une œuvre...
Par
le 16 mars 2016
12 j'aime
Si l’on vient à évoquer le souvenir de Louis-Ferdinand Céline, deux types de réactions s’opposent, un peu comme celles qui viennent à l’esprit lorsque l’on pense à l’oursin. D’aucuns ne retiendront...
le 13 mars 2016
11 j'aime
4
Faire revivre, sous les traits d'un autre, le grand homme. Le pari est risqué, nécessairement, et la démarche de ceux qui entreprennent de le tenter mérite le respect ; a priori, et plus encore...
le 18 févr. 2017
3 j'aime
1
Du même critique
Je ne comprends pas Disney... Quel est le projet ? Je veux dire, ils commencent avec un épisode VII dénué de tout intérêt, où on a enlevé toute la politique (parce qu'il ne faudrait surtout pas que...
Par
le 21 déc. 2019
496 j'aime
48
Souvenez-vous Bruce nous avait cassé les couilles dans sa vidéo de présentation de son "livre", blabla si tu télécharges, comment je vis ? et autre pleurnicheries visant à te faire acheter son...
Par
le 29 nov. 2015
305 j'aime
146
Voici l'autre grand livre « féministe » de la rentrée avec Moi les hommes je les déteste et tous les deux sont très mauvais. Celui la n'a même pas l'avantage d'être court, ça fait plus de 200 pages...
Par
le 4 oct. 2020
246 j'aime
61