Ça faisait longtemps que je voulais m'attaquer à la filmographie de cette grande figure de l'animation française dont l'univers graphique m'avait toujours assez intrigué. En voyant la BA de celui-ci, je voyais d'avance quelques collisions plus ou moins directes avec La Tortue rouge sortie la même année. Et après visionnage, je dois dire que ça se confirme, que ce soit dans la recherche d'un certain minimalisme visuel, dans l'ouverture de la porte de l'onirisme pour rentrer dans l'intime des personnages et surtout dans le traitement thématique de la solitude abordée avec l'idée d'un simili purgatoire spatio-temporel. On n'y retrouve même des plages de sable, et des petits crabes faisant joujou sur la plage.
Par contre à la différence de son aîné, je trouve que Louise en Hivers souffre d'un manque de consistance qui s'illustre à tous les niveaux. À commencer par les enjeux qui se mettent difficilement en place. Non pas à cause de son rythme terne et lancinant, plutôt réussi, mais plutôt parce pendant près de la moitié du long métrage, rien ne souligne un semblant d'épreuve à traverser. J'ai n'ai pas ressenti la moindre empathie pour cette super mamie qui ne rencontrait finalement aucune difficulté particulière et se complaisait dans cette condition avec un une pointe de résilience, mais surtout beaucoup quiétude apparente.
Si bien que lorsque le film aborde enfin le coeur de son sujet, à savoir l'introspection de Louise qui fend légèrement sa carapace de la pudeur pour exposer sa souffrance liée à son isolement, je ne me suis pas assez attaché au personnage pour que la "magie" fasse effet et le parallèle entre ses flashbacks et sa redécouverte des plaisirs et des sensations d'antan m'ont parus assez plats. Restent quelques idées poétiques qui sortent un peu du lot et rattrapent un peu l'ensemble, mais ce ne fut pas assez pour m'emporter entièrement.
Plus problématique à mon sens, je n'ai pas du tout accroché à la direction artistique qui manquait un peu d'unité en plus d'être fortement desservie par l'assemblage de techniques d'animation qui m'a semblé plus utilitariste qu'autre chose. La 3D cell-shading aurait pu contribuer à souligner le décalage entre Louise et son environnement, mais on se rend vite compte que son champ d'utilisation concerne tous les objets mouvants, enlaidissant parfois la composition picturale de l'image en la déséquilibrant inutilement.
Dommage.