Avec cet intitulé, c'est exactement ce que je retiendrai de ce long-métrage. C'est une très belle surprise, calme et tranquille qui invite à faire une pause dans sa propre vie, le temps d'une petite heure.
Les images et le coup de crayon sont simples, sans grande prétention, mais le but d'une telle histoire n'est pas de nous faire admirer le contour de chaque paysage, mais plutôt de nous concentrer sur le sujet même et les moyens mis à son service: la solitude et la vie qui passe. La mémoire et le souvenir sont très présents, et la construction du récit très bien pensé. Plus le film s'avance, et plus l'on creuse loin dans les souvenirs de Louise, un peu comme si petit à petit, obligé de recentrer son esprit en l'absence d'occupation, elle retrouvait quelques tableaux enfouis depuis trop longtemps dans un grenier poussiéreux et dont elle avait oublié l'existence. La corrélation entre le vécu et les rêves, les souvenirs, est admirable, comme si l'on se trouvait en face d'une personne réelle et véritablement touchante.
Lorsque Louise rêve de son train manqué, les personnages de la station balnéaire apparaissent dans des horloges, il y a la notion du temps, de l'heure qu'elle a laissé passé, et les maisons dansent sur des vagues imaginaires tels les wagons d'un train.
De même, lorsque le 24 Décembre personne ne vient la chercher, elle a un sentiment d'abandon, et son souvenir est automatiquement porté vers celui de l'abandon de sa mère.
La solitude est extrêmement bien rendue, et renforcé par l'absence de bande son à certains passages: on se concentre alors sur les seuls bruits de la mer, du vent, du tonnerre, des mouettes, pour ainsi dire des bruits habituels de la nature.
Lorsque Louise circule la nuit entre les ruelles sombres, le plan est pris d'une telle manière à ce que les bâtiments paraissent très hauts, voir écrasants, comme pour renforcer l'idée que Louise est seule et perdue dans un monde hostile qu'elle va devoir dompter.
Notons toutefois que la bande son accompagnée des choeurs est sublime et transporte dans un pays de profonde poésie et de contemplation.
Finalement, Louise nous fait questionner sur la vie, cette vie trépidante qu'elle observe au travers des vacanciers tapageurs et pressés. Bien loin d'ennuyer, on se questionne sur cette vie qui passe si vite et nous fait oublier les beautés d'une saison, ses divers visages, capables de combler davantage le coeur que maintes occupations fort agréables mais finalement futiles. Avec elle, l'on redécouvre la mer, les paysages, les choses simples et pourtant essentielles. Fatalement, le spectateur s'invite dans la réflexion en jetant un regard sur sa propre vie.
Avec grâce et poésie, et un mélange subtil d'humour et de bonhommie, l'on s'évade et l'on se pose un instant pour apprécier, pour une fois, l'instant présent. Sensible à la mer et à son bruissement subtile et paisible, je me suis évadée bien loin, repensant à ces soirs mélancoliques et pensifs sur le bord d'une jetée.