Après le road-movie charbonneux ("Aaltra") et le surréalisme à la Bunuel ("Avida"), les terribles grolandais Delépine et Kervern s'attaquent à la comédie noire sociale, accouchant de leur film le plus "conventionnel" mais aussi le plus structuré, le plus abouti.
Gigantesque bras d'honneur au capitalisme sauvage et désincarné, à ces requins pressant les travailleurs jusqu'à la dernière goutte de sang et de sueur, "Louise-Michel" est une véritable ode aux prolos, aux dégénérés, aux fracassés de l'existence, à tout ces rebuts de l'humanité que le bon Dieu a vomi un soir de cuite.
Moins poseur que les précédents films du duo, "Louise-Michel" conserve néanmoins ce ton totalement libre, ce sens du dérisoire couplée à une poésie de chaque instant, cet humour si particulier qui prouve que l'on peut décidément rire de tout.
Variation dégénérée et sans fin de "Don Quichotte", voyant deux losers magnifiques mener une croisade éternelle contre des patrons de plus en plus insaisissables, "Louise-Michel" est aussi drôle que mélancolique, illuminé par la grâce boiteuse du couple Moreau / Lanners, tout deux grandioses. Et surtout, restez jusqu'au bout du générique !