Le film d’Éric Besnard n’est ni bon, ni mauvais. Constamment, dans un entre-deux, une espèce de neutralité artistique sur le fond comme sur la forme. Résultat des courses, Louise Violet est un film qu’on ne sait pas détester mais qui ne nous passionne jamais vraiment.
1889. Envoyée dans un village de la campagne française, l’institutrice Louise Violet doit y imposer l’école de la République (gratuite, obligatoire et laïque). Une mission qui ne la rend populaire ni auprès des enfants, ni auprès des parents.
À la fin du film, j’ai ressenti quelque chose d’assez étrange. Sans m’être ennuyé un seul instant, j’avais l’impression de n’avoir rien vu, presque étonné que le film s’arrête. En rentrant chez moi et en repensant au film, j’ai réalisé que le film n’avait jamais réellement commencé. Car c’est un film sans intrigue réelle, sans antagonisme, et qui, au fond, se déroule presque sans encombre. Il n’y a en réalité aucun enjeu. Tous les rebondissements sont assez mineurs et, en fin de compte, se résolvent assez rapidement en quelques dialogues.
Ce qui est étrange, c’est qu’Éric Besnard semble s’en tenir à une neutralité, tant dans la forme que dans le fond. Sur le fond, pas d’antagonisme, aucun conflit. Louise Violet est un film sans réel relief au sens premier du terme, sans prise de risque. On se contente de raconter le destin d’une femme, sans jamais aller plus loin. Sur la forme, le film reste dans un certain classicisme formel du film en costumes où tout est très propret. On peut regretter qu’Éric Besnard se contente du strict minimum.
Néanmoins, si le film reste plaisant, c’est qu’il ne mange pas de pain, ne cherche de noises à personne. Il est porté par un message juste et évident sur l’éducation, assaisonné d’un message de tolérance bienvenue. Les acteurs sont beaux, les gamins sont sympathiques. Le film baigne dans une sorte de mignonnerie assez plaisante qui ne prend pas le risque de déplaire.
Louise Violet est de ces films « qualité française » à l’ancienne où l’on pense que quelques costumes et quelques décors ruraux pas encore trop abîmés suffisent à faire un film d’époque. Qu’il suffit de faire parler un français châtié pour retrouver le parler d’autrefois et de prendre des comédiens de théâtre pour jouer les paysans d’un patelin d’une campagne française reculée (Jérôme Kircher est, à ce titre, assez calamiteux). Il est vrai que le film a un vrai côté ‘Comédie-Française’ à l’ancienne. On croise d’ailleurs Géraldine Martineau et Jérémy Lopez.
Heureusement qu’il y a Alexandra Lamy et Grégory Gadebois dans les rôles principaux. J’ai déjà eu l’opportunité, dans d’autres critiques, de dire tout le bien que je pensais de cet acteur, bon quoi qu’il joue. Quant à Alexandra Lamy, elle est très bonne dans ce rôle de femme de convictions, droite dans ses bottes. Malheureusement, on regrette que le face-à-face de ces deux bons comédiens suive, dans le film, une trajectoire aussi convenue. Leur rencontre commence mal, puis ils s’apprivoisent l’un l’autre. Des tensions apparaissent, ils se réconcilient. Monsieur tombe amoureux de madame. Madame refuse. Tout cela est assez banal, attendu et surtout très artificiel, davantage guidé par la narration que par une vérité humaine que le réalisateur souhaiterait restituer.
Il y a vraiment peu à dire sur ce film, ni mauvais, ni excellent et pas du tout honteux. C’est un film qu’on peut voir sans en attendre grand-chose. On passe un moment ni désagréable, ni inoubliable. La neutralité.