Ken a fait plus fort que David !!!
Il était inévitable que le Chantre de la sensualité D.H. Lawrence, ayant connu souvent les plaisirs du scandale et de la censure pour avoir osé avoir près d'un demi-siècle d'avance sur les mentalités, et la Révolution sexuelle de la fin des années 60-début 70 se croisent un jour. Et tant qu'à faire sous l’œil du réalisateur le plus baroque et le plus barje de la "Perfide Albion" Ken Russell...
S'il ne se lâche pas ici autant qu'il le fera pour ses œuvres suivantes, dire qu'on a affaire à un résultat conventionnel est bien l'affirmation la plus fausse que l'on puisse faire à propos de ce film. Au contraire, il profite des séquences de sexe, très crues, pour faire des expérimentations visuelles, parfois à couper le souffle par leur invention et leur lyrisme à l'instar du montage parallèle où on voit les personnages de Rupert et d'Ursula faire l'amour devant un feu de cheminée puis le cadrage à la verticale en pleine nature pour montrer leur symbiose physique et psychologique.
Si c'est Glenda Jackson qui a remporté un Oscar, paradoxalement et ironiquement pour un film qui s'intitule "Women In Love" ce sont surtout les acteurs masculins qui sont le plus remarquables en se donnent à fond, n'hésitant pas à se mettre entièrement nus et insufflant une très forte dose de suggestion beaucoup plus que suggestive d'homosexualité lors d'une scène de lutte. Alan Bates est excellent en alter-ego de Lawrence, et Oliver Reed parvient à exprimer la grande fragilité psychologique de son personnage avec sa carrure physique forte.
Et chose très rare, je dois avouer que j'ai préféré le film au livre notamment en modifiant deux rebondissements les rendant ainsi plus forts : en changeant l'identité des victimes d'une noyade ce qui fait que mieux nous faire comprendre la frénésie de sensualité et d'anticonformiste qui possède les protagonistes après, et en transformant un accident en une forme de suicide ; et en posant dans la première partie d'une manière plus efficace le cadre peu reluisant dans lequel vivent les personnages.
Si on a le droit à quelques légères longueurs dans la seconde moitié, il n'empêche "Women In Love" est sans conteste un des grands sommets russelliens ainsi qu'un très beau film (il faut aussi signaler une photo, des décors et des costumes somptueux !!!) véritable ode, non dénuée de noirceur et de complexité, à la sensualité.