Le film suit les parcours de toute une galerie de personnages et leurs déboires sentimentaux, à l’approche des fêtes de Noël.
Réunir un casting aussi prestigieux est une bonne chose. Lui faire faire quelque chose en aurait été une encore meilleure. En effet, adoptant le procédé du film-choral, Richard Curtis nous intéresse (ou tente de nous intéresser) à des personnages très variés, de l’ex-junkie star de rock (Bill Nighy) au Premier Ministre anglais (Hugh Grant), en passant par l’acteur porno (Martin Freeman), l’écrivain solitaire (Colin Firth), le couple de jeunes mariés (Chiwetel Ejiofor et Keira Knightley), le couple vieillissant (Emma Thompson et Alan Rickman), le veuf s'occupant de son fils (Liam Neeson et Thomas Sangster) ou les timides employés de bureaux qui n'osent s'avouer leur amour (Laura Linney et Rodrigo Santoro).
Seulement, si certaines histoires se croisent à la fin, on ne voit aucun vrai lien se tisser entre elles, et le film apparaît toujours aussi décousu à la fin qu’il l’était au début. Si on s’attache plus ou moins aux personnages, ce n’est pas vraiment grâce à Richard Curtis, scénariste et réalisateur, mais bien grâce à leurs interprètes, tous au-dessus de la moyenne, réunis par une directrice de casting au flair affûté, Fiona Weir (à qui on doit aussi l'excellent casting des Harry Potter à partir de La Coupe de Feu).
Mais tout aussi excellents qu’ils soient, les acteurs peinent à faire exister des personnages pour la plupart transparents, complètement dénués d’âme et de fond, par la faute d’un script lacunaire, qui survole constamment des récits qui auraient pu être prenants, mais qui s'avèrent juste banals. On rit assez souvent, malgré quelques inutiles vulgarités, mais lorsqu’il s’agit de pleurer, c’est plus problématique, l’émotion ne marchant pour ainsi dire jamais. Les seuls gagnants sont Hugh Grant, Emma Thompson (quoique la fin de son histoire soit complètement bâclée) et Colin Firth, les autres personnages ne parvenant jamais à susciter une quelconque empathie.
La morale de l’histoire, c’est que Richard Curtis n’est pas Frank Capra, et qu’il devra se souvenir que « qui trop embrasse mal étreint ». Avec moins de personnages, Love actually aurait pu être beaucoup moins superficiel sur le fond et moins artificiel sur la forme. On préférera donc revoir le superbe Magnolia, de Paul Thomas Anderson qui, fort de ses 3 heures, parvient à s’achever dans une véritable explosion émotionnelle, élevant l’âme du spectateur là où Love actually, jamais déplaisant pour autant, reste désespérément au ras des pâquerettes.