Introuvable en France (enfin au moment où j'écris cette critique), Love Exposure (Ai no mukidashi) est pourtant très estimé par ceux qui ont pu le voir, certains le qualifiant même de culte ou de chef d’œuvre. Fatalement intrigué, j’ai donc cherché à le voir et j'ai d’ailleurs dû faire pas mal d'efforts pour dénicher une version sous-titrée en français ! Considéré comme le meilleur film de Sion Sono (déjà connu pour le controversé Suicide Club notamment et qui pour moi est sans doute le réalisateur japonais le plus créatif du moment), Love Exposure est une œuvre assez considérable de près de 4h ! Il y a toujours une certaine appréhension à regarder un film aussi long, déjà car il faut avoir le temps, et ensuite parce qu’on craint forcément quelques longueurs ou moments d’ennui… Mais rien de tout cela ici, le film est bien monté et rythmé, on ne voit vraiment pas le temps passer.
L’histoire, le jeune Yu est éduqué par des parents catholiques très pieux, mais alors que sa mère est mourante, il lui fait la promesse de trouver un jour une femme comme la sainte Marie. Se retrouvant seul avec un père devenu prêtre, Yu se rend alors compte que l’unique moyen pour lui d’avoir encore son attention est de lui confesser régulièrement ses pêchés dans son église. Il commence alors à faire le mal et à tomber dans le vice, notamment en s’initiant au « tôsatsu » ou l’art de photographier discrètement sous les jupes des filles ! (ce qui donne droit à des scènes assez drôles). C’est alors qu’il rencontre Yoko, une jeune femme qu’il identifie immédiatement comme « sa » Marie et dont il tombe amoureux. Seulement, celle-ci suscite également d’autres convoitises…
Difficile de résumer ou de critiquer un film aussi long et qui foisonne d’idées, de clins d’oeil et de thèmes (dont les principaux sont la religion, l’amour et.. la perversité). Sion Sono reste toujours aussi irrévérencieux et conserve son sens de l’absurde, mais cette fois ce n’est pas un joyeux bordel, le film est bien structuré en chapitres et l’on sent une vraie maitrise. Les images sont belles, les plans bien choisis, la caméra se retrouve facilement à l’épaule dans certaines scènes. Il faut aussi parler de la bande-son qui passe de l’entêtant Boléro de Ravel à de la J-Pop, sans oublier la 7ème Symphonie de Beethoven qui fait toujours son petit effet, le tout avec un certain bonheur. Love Exposure sait être aussi léger que dramatique et nous fait passer par toutes les émotions, du rire aux larmes avec notamment une scène finale poignante.
Love Exposure ne plaira sans doute pas à tout le monde, style Sion Sono oblige, mais ses qualités sont indéniables et je le recommande vivement. Je n’ai pas vu ses récents films mais si ce réalisateur continue sur cette voie, il va devenir très grand…