Jacen - Trip in Asia

Love, Lies (2016) – 해어화 / 120 min
Réalisateur : Park Heung-Sik – 박흥식
Acteurs principaux : Han Hyo-Joo – 한효주 ; Chun Woo-Hee – 천우희 ; Yoo Yeon-Seok – 유연석 ; Park Seong-Woong – 박성웅.
Mots-clefs : Corée - Historique – Drama – Gisaeng.

Le pitch :
Pendant les années 40, la Corée est toujours sous domination japonaise. So-Yeol et Yeon-Hee ont toutes les deux grandit au sein d’une école de Gisaeng afin de devenir des artistes et des femmes de compagnie accomplies. Les deux femmes font la rencontre de Yoon-Woo, un producteur de musique pop qui promet gloire, fortune et triangle amoureux.

Premières impressions :
Des films sur les gisaengs, il n’y en a pas légion et encore moins dans le contexte historique de l’occupation japonaise. J’étais donc impatient d’en apprendre plus sur ces courtisanes à la fois érudites et femmes des arts, mais dont le statut social n’était guère différent de celui des esclaves. Hélas le film tient plus du drama romantique que du documentaire historique et l’expérience s’est révélée somme toute décevante.

Le début du film est toutefois intéressant. On y ressent la fin d’une époque, celle où la musique pop commence à supplanter la musique traditionnelle et où la modernité prend doucement le pas sur la tradition. C’est aussi une époque où les officiels japonais font la pluie et le beau temps sur la Corée annexée. Durant cette première partie, les personnages nous sont présentés dans une ambiance doucereuse, des personnages assez archétypaux mais auxquels on s’intéresse tandis que se met en place un triangle amoureux bien classique entre le beau garçon producteur et les deux jeunes amies gisaengs voulant s’extirper d’une condition passéiste. La suite est hélas bien fade pour qui n’est pas amateur de drama car entièrement basée sur les ressentiments entre les protagonistes. On ne peut pas franchement dire que le scénariste insiste vraiment sur les conditions de vie des gisaengs dont la vision semble bien édulcorée.

Côté image, la photographie est soignée, particulièrement au niveau de l’éclairage. Cependant, là encore, j’ai eu plus l’impression de regarder un drama longue durée plutôt qu’un objet digne du cinéma, la faute à des décors un peu cheap et à des ruelles tassées qui fleurent bon le village reconstitué pour studio de cinéma vieillot. La différence est d’ailleurs flagrante entre les scènes tournées dans des environnements traditionnels comme les hanoks et jardins, et celles tournées, souvent de nuits, dans de fausses ruelles années 40. Il faut dire aussi que j’ai visité il y a quelques mois les studios de cinéma de Suncheon qui présentent des bâtiments très similaires à ceux du film, ce qui j’imagine a amplifié mon impression de décors carton-pâte. Côté jeu, il n’y a pas non plus de quoi se relever la nuit, même si les trois acteurs principaux avaient officié ensemble dans « The beauty inside » de Baek Jong-Yeol.

Pour conclure, « Love, Lies » ressemble à un long épisode de drama historique et sera rapidement oublié par les cinéphiles. Malgré des airs de drame, le film de Park Heung-Sik présente une vision de l’époque un peu trop édulcorée à mon goût. Il a toutefois l’intérêt de mettre en avant les gisaengs, des femmes bien trop oubliées par l’Histoire et il saura trouver sans nul doute son public.