La vie du génie Brian

Voilà certainement le biopic musical le plus introspectif que j'ai pu voir jusqu'à présent. Le sous titre français ne ment pas, c'est bien l'histoire du génie Brian Wilson qui nous est relatée, et non pas la story des Beach Boys en tant que groupe. D'ailleurs si un jour un tel biopic pouvait exister, sur la génèse, les débuts et les premières années au succès phénomenal, je serais très impatient de le mater....

Parce qu'ici on ne sent pas l'huile solaire, ni le sable fin sous les pieds, ni le soleil haler notre peau, ni ne voyons les belles filles insouciantes du début des 60s. Ni n'entendons finalement beaucoup des hits du combo.
Non au contraire, nous sommes pris dans l'esprit torturé et malade du compositeur principal, l'un des trois frères à l'origine des Beach Boys. A l'epoque où celui ci préfère rester en studio pour composer un légendaire "Pet sounds" alors que ses comparses partent en tournée mondiale. Et en parallèle nous le retrouvons une vingtaine d'années plus tard, lorsqu'il est "soigné" par un docteur qui le maintient sous sa coupe, totalement azimuté et paumé dans les méandres de ses troubles mentaux.

Loin d'un feel good movie ensoleillé, le film reste centré sur la personnalité de Brian, et met en lumière le compositeur fabuleux qu'il etait, et du même coup démontre aux gens que leur musique d'apparence naive et un peu simplette même, est en fait un beau travail complexe, jouant sur les harmonies, les instruments, les sons, les textures .
Paul Dano habite le Wilson des sixties, tandis que Cusack habite sa version plus agée, deux superbes performances d'acteur, et rien que pour cela le film est une réussite. Ils parviennent à toucher le spectateur sans en faire des tonnes ni gesticulant dans tous les sens, au contraire, c'est intime et proche d'autrui à la fois.

Le revers de la médaille c'est que le rythme en souffre parfois, mais la lumineuse Elisabeth Banks nous fait oublier cette lenteur, et nous rappelle que dans la réalité Mélinda a probablement sauvé la vie de Brian de par son aide, sa compassion et son Amour, et l'a en tous cas sauvé des griffes de cet Eugène, brillamment interprété par le toujours excellent Paul Giamatti.

Ce biopic est loin de la flamboyance d'un "Bohemian Rhapsody", des excès d'un "The Doors" ou de la nostalgie d'un "Jersey boys", mais n'en est pas moins juste et emouvant, tout en remettant Brian à sa place au Panthéon des compositeurs essentiels de la musique pop rock, au cas où certains l'auraient oublié.