Je sors d'une séance de "Love and Mercy".
Voilà un film bouleversant, brillamment interprété par le toujours génial John CUSACK et le brillant Paul DANO.
Le parti pris du film est la mise en correspondance entre l'enfance, l'adolescence du jeune Brian et la dernière période de sa vie.
Né dans une famille somme toute "assez basique" : père violent physiquement et psychiquement, mère alcoolique, Brian montre des aptitudes à la musique, ce que l'on appelle avoir l'oreille absolue. Il semble présenter toutes les caractéristiques d'une personnalité paranoïaque, schizophrène quand on n'écoute que le discours brut et partiellement.
Le génie du film, de la caméra, est de ne pas permettre au spectateur de croire à ce diagnostic. Chaque instant est un doute, un malaise. Lorsque s'invite l'amour dans la vie de Brian, il sera la chevillette tirée faisant choir la bobinette. Brian ne sera finalement pas mangé par le loup, et le chaperon rouge sortira vainqueur de la bataille. Traité lourdement une grande partie, une trop longue partie de sa vie pour une maladie psychique qu'il n'avait pas, Brian n'en perdra pas son génie créatif, répondant ainsi à la question : faut-il guérir les génies ? La création artistique n'est-elle pas une tentative de guérison ? La résilience est une des formes de la guérison, telle est ce qui ressort de ce très beau biopic. Il y a dans la musique de Brian WILSON, des Beach Boys quelque chose de psychédéliquement intemporel, à l'instar de ces enfances maltraitées, dont certains se sortent miraculeusement.
Sobre et élégant, le film est une invitation à la résistance, bien évidemment la bande son est extraordinaire, plaisir des yeux et des oreilles, et c'est bien d'amour et de compassion dont il s'agit.
Très bonne séance :)