Lovelace, ou la naïveté corrompue

Rob Epstein et Jeffrey Friedman signent ici une forme de biopic sur la fameuse Linda Lovelace (de son vrai nom Linda Boreman), actrice porno américaine au seul et unique film, Deep Throat, qui a rapporté environ 600 millions de dollars de bénéfices. Deep Throat (Gorge Profonde), sorti dans les années 70, a ouvert le porno au grand public et a fait de Linda une icône de la révolution sexuelle sans qu'elle ne se soit jamais revendiqué comme telle. Emouvant, cru, violent et poétique, Lovelace est un film audacieux qui transpire le sexe, l'amour et la colère.


Linda Boreman Amanda Seyfried a 21 ans quand elle rencontre Chuck Traynor Peter Sarsgaard. Elle vit avec des parents sévères, ou plutôt avec une mère castratrice Sharon Stone méconnaissable (sans mauvais jeu de mot), aux valeurs traditionnelles. Linda est douce, naïve, prude et tombe sous le charme de Chuck, qui deviendra son époux très vite et avec qui elle vivra une fois la maison familiale quittée. Commenceront ses premières expériences sexuelles “inimaginables” et sera amenée à tourner du X, notamment pour répondre aux besoins financiers du couple de Chuck. Loin des canons de beauté dégoulinant de sex appeal, elle va décrocher le rôle de sa vie pour ses performances et sa capacité à faire des gorges profondes. 17 jours dans le monde du porno auront suffit à faire d'elle un modèle. Vedette admirée, acclamée, rien n'est rose derrière ce personnage au sourire cherry. C'est ce que montre le film, basé sur l'autobiographie de Linda "L"épreuve", qui y dépeint l'enfer dans lequel elle a vécu loin des caméras.


Dans les années 70, on peut dire du porno que c'était assez underground, que c'était peu développé et que beaucoup des films X étaient des Home Made Movies. Loin d'être quelque chose d'anormal selon moi, Linda ne s'est pas rendue compte où elle mettait les pieds (mais avait elle le choix? Je ne crois pas), ou tout du moins elle l'a réalisé tardivement et voyait Deep Throat comme un tremplin vers d'autres films, plus classiques. Ses aspirations d'actrice très tôt rangées au placard, elle a été pendant plusieurs années la chose de Chuck. Des scènes d'amour, on passe à des scènes de lutte, de prostitution, d'humiliation qui en disent long sur les épreuves de la demoiselle. Aujourd'hui le porno bien que parfois subi est désormais un choix tant de la part des femmes (que des hommes), c'est une liberté, un droit, le plaisir de faire ce que l'on veut vraiment. A l'époque Linda a vécu le porno comme une prison : les réalisateurs de Lovelace ne tombent pas dans le mélodrame, ni la dénonciation, ce qui en fait une réussite. Ce n'est pas une sonnette d'alarme ou la moralisation d'une industrie qui divise, c'est une fenêtre sur cour(be)s.


On y retrouve Adam Brody et James Franco, aux sourires ravageurs, et des expressions tordantes comme le “Bitomètre”, ou “s'entendre éjaculer”. Rire ou pleurer, autant faire les deux. Et Amanda Seyfried est assez impressionnante dans le rôle de la jeune femme fragile et excitante.


Linda Boreman, remariée Marciano, après ce périple a lutté contre les violences conjugales et le monde du X. Décédée à l'âge de 53 ans en 2002, elle laisse derrière elle UN film mythique (qui n'attendait que des suites).


Conclusion : Lovelace ouvre les yeux sur une personnalité qui a fait l'admiration de milliers d'hommes et femmes. Il illustre un combat : celui pour son corps et sa liberté. Beau et simple. Bonne séance à tous !


Follement vôtre, Toto

CloHé2
7
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le 1 juil. 2018

Critique lue 405 fois

Clo Hé

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