Mommy, déchainement de sentiments

Film récompensé par le Prix du Jury au Festival de Cannes 2014, Mommy est mon premier Xavier Dolan ! Pour ceux qui ne le connaissent pas (bien que la vague médiatique des dernières années n'ait pas pu vous échapper…), c'est un jeune et talentueux réalisateur québécois, qui est aussi l'auteur du très très TRES controversé vidéo clip d'Indochine pour ♫ College Boy ♪, dans lequel on peut retrouver l'acteur principal de Mommy, Antoine Olivier Pilon.


2015, Canada. Diane, “Die” de son petit nom Anne Dorval est mère veuve de Steve (Antoine Olivier Pilon), jeune homme psychologiquement instable (atteint de TDAH - Troubles du déficit de l'Attention avec hyperactivité), sujet à des excès émotifs et sentimentaux, tant dans l'amour que dans la haine violente. Rapport fusionnel entre les deux, la rencontre avec leur voisine Kyla (Suzanne Clément), femme et mère d'une petite fille, ancienne professeur aux problèmes d'élocution, marque le début d'une relation forte et humainement enrichissante. On pénètre dès lors leur intimité pendant 134 minutes au moyen d'un huit clos intense, où chaque émotion prend une dimension majeure. Cette “famille recomposée” dont Steve est le lien d'attache traverse rire, peur, rage, violence, amour et incompréhension. Espoir, soutien, grandeur ont droit à une seconde chance. En dire plus serait gâcher le film et son histoire…


La force de cette oeuvre est la poésie qui en ressort. Chaque scène, chaque image est un tableau avec ses couleurs, sa gestuelle et son message. La bande son est tout bonnement géniale. On ne peut pas rester indifférent au quotidien de ces êtres atypiques, au langage épicé, ponctué de “Fuck You”, “Tabernacle” et autres expressions québécoises qui nous arrachent quelques sourires et crises de rire (au lieu de crise de larmes). Thanks God pour le sous-titrage en français !!


Loin d'être un documentaire, Mommy parvient à nous faire oublier la dimension fictive en soulignant la complexité des rapports mère-enfant et réussit le défi de nous attacher à Die, Steve et Kyla. Plus que de simples personnages, leur jeu d'acteur en font des individus réels, vrais, sincères. Cette perfection du jeu en viendrait presque troublante…


A la fin d'une telle projection, je suis restée perplexe, incapable d'avoir un avis tranché immédiat. Mommy va tellement plus loin que le “bon film”. Ce n'est pas tant la force du scénario, c'est l'humanité qui s'en dégage. Prochaine étape : voir le reste de la filmographie Dolan.


Conclusion : il faut voir Mommy, ne serait-ce que pour le cadrage inhabituel (dont j'ai oublié le format, pardonnez-moi), les couleurs du film, la beauté des personnages et la capacité qu'a Dolan a dégager de la clarté des zones les plus sombres des êtres humains. Voyage dans l'imaginaire d'un réalisateur pas comme les autres…


Follement vôtre, Toto.

CloHé2
9
Écrit par

Créée

le 1 juil. 2018

Critique lue 194 fois

1 j'aime

Clo Hé

Écrit par

Critique lue 194 fois

1

D'autres avis sur Mommy

Mommy
HugoLRD
10

Liberté. Claque. Monument.

Je n'arrive pas encore à pleurer. L'état dans lequel j'étais, après cette dernière image époustouflante, ne veut pas s'en aller. Un tourbillon intérieur incroyable, quelque chose de viscéral, qui...

le 27 sept. 2014

174 j'aime

19

Mommy
Clairette02
9

Cause you and I, we were born to die

Dolan, tu as réussi à me faire aimer Céline Dion. Dolan, tu m’as fait verser à peu près 15 litres de larmes en 2h.
 Dolan, tu me ferais presque aimer le mot « tabernacle ». Dolan, tu méritais la...

le 5 oct. 2014

162 j'aime

25

Mommy
Gand-Alf
8

Prisoners.

Prix du jury au festival de Cannes en 2014, Mommy permet à Xavier Dolan d'être le second plus jeune cinéaste à remporter ce prix, juste derrière Samira Makhmalbaf, réalisatrice du Tableau noir en...

le 20 oct. 2015

128 j'aime

5

Du même critique

Mommy
CloHé2
9

Mommy, déchainement de sentiments

Film récompensé par le Prix du Jury au Festival de Cannes 2014, Mommy est mon premier Xavier Dolan ! Pour ceux qui ne le connaissent pas (bien que la vague médiatique des dernières années n'ait pas...

le 1 juil. 2018

1 j'aime

Seven
CloHé2
8

Seven raisons de voir Seven

J'ai eu envie de revoir Seven dernièrement. Et j'ai bien fait car dans mon souvenir et mon petit esprit tordu il y avait des scènes de La Neuvième Porte de Roman Polanski qui se mêlaient aux tableaux...

le 3 juil. 2018

Shame
CloHé2
7

Le précurseur masculin de Nymphomaniac ?

Après Hunger (2011), Steve McQueen réalise Shame qui traite de l'addiction au sexe avec pour acteur principal (une fois encore) Michael Fassbender dont je tiens à saluer la prestation. On en...

le 1 juil. 2018