Du rififi chez les Clavier

Éreinté par la critique, boudé par le public à sa sortie, ce film incarne presque à lui seul la difficile décennie que traversa Christian Clavier dans les années 2000 après ses grands succès des années 1990. Une longue traversée du désert pour celui qui avait quand même un sacré potentiel pour s’exprimer dans la comédie. Aux manettes de cette comédie noire qui lorgne vers une espèce de cinéma d’Audiard modernisé sur fond de musique évoquant Pulp fiction, Christian Clavier himself. Malheureusement rien n’est maîtrisé dans ce film qui cherche cependant à créer quelque chose. Split-screen à foison, quatrième mur fracassé et autres tours de passe-passe ne font que renforcer le vide qui se cache derrière les effets de manche. Reconnaissons cependant que les frères Clavier ont tenté d’être originaux. Mais ni l’un ni l’autre ne peuvent rivaliser avec Audiard, Tarantino ou même Guy Ritchie et ses premières réalisations anglaises.

Entre gags douteux, dialogues graveleux et péripéties rocambolesques (ou foireuses, c’est selon), le résultat est franchement difficilement défendable. La mise en scène est plutôt fade avec des images franchement moches. Heureusement, l’ensemble est très court (1h17 montre en main) et suffisamment rythmé pour éviter d’être ennuyeux. De ce film qui rate clairement sa cible, on pourra heureusement sauver quelques-uns de ses interprètes. En tête, Eddy Mitchell qui assure vraiment et qui forme avec Arielle Dombasle un duo amusant. Malgré tout le mal que peuvent en dire certains, Christian Clavier est de nouveau très à l’aise dans un rôle taillé sur mesure de type guindé et dépassé par les événements. On saluera aussi les petites performances de Pierre Mondy et de Marthe Villalonga. On sera, en revanche, plus réservé sur la prestation de Julie Gayet, pas toujours crédible et pas toujours très juste.

L'intrigue, quant à elle, court toujours davantage à sa perte jusqu'à se prendre les pieds dans le tapis de l'invraisemblable comédie sentimentale. Complètement décalé, mais incapable de donner de l'épaisseur à son intrigue policière, le film rate totalement sa cible. Ce n'est pas une purge mais c'est mauvais.