Loving est seulement le cinquième film de Jeff Nichols, réalisateur plutôt jeune en effet, il n’a que 38 ans. Il nous revient au cinéma avec Loving après l’énorme échec au box-office du pourtant bon Midnight Special (2016) le film a rapporté dans le monde 6 millions de dollars pour un budget estimé à 18 millions.
Loving est tiré d’une histoire vraie qui a eu lieu au Etats-Unis en 1958. Mildred Jeter afro-américaine, se marie avec Richard Perry Loving un homme blanc, union illégale à l’époque dans l’état de Virginie. Avec un sujet aussi lourd, Nichols réussit avec brio à ne pas tomber dans la mièvrerie ou encore le pathos.
Bien au contraire, la mise en scène de Nichols est tout en subtilité et douceur. Aucun ralenti utilisé dans le film pour appuyer une situation dramatique ou aucune utilisation abusive de la musique qui par ailleurs est excellente (après les musiques de Midnight Special David Wingo confirme son talent). Encore une fois Nichols est un réalisateur de paysages et on sent la forte influence de Terrence Malick sur son cinéma. Le film, malgré qu’il soit un biopic, arrive à être très intimiste et reste axé sur le couple Loving.
Il se dégage du film un naturalisme magique dans le couple. La lumière du film va rayonner sur le couple pendant plusieurs scènes. La simplicité du long métrage qui n’utilise aucun artifice pour faire larmoyer le spectateur.
L’utilisation de l’espace dans le film est également intéressante. Les scènes avec les forces de l’ordre ou l’autorité juridique de Virginie se déroulent dans des lieux fermés, étroits ce qui renvoie à l’oppression du système de l’époque. On note une belle opposition avec le plan ouvert de la scène finale.
Loving est donc un film à voir pour apprécier encore une fois le travail de Nichols : une mise en scène simple, épurée, poétique, l’un des quelques réalisateurs aujourd’hui à proposer cela au cinéma.
La performance de Joel Edgerton, tout en simplicité (et peut-être dans un de ces meilleurs rôles) et de Ruth Negga sont également à souligner. D’ailleurs, seulement une nomination du film aux oscars pour Ruth Negga, ce qui est plutôt étonnant !
Loving reste un film rare. Actuellement au cinéma, on assiste plutôt à une prédominance des artifices avec des effets spéciaux ou à une sur explication des actions des personnages ou des faits. Ici, le réalisateur raconte simplement une histoire sans en rajouter dans le côté dramatique ce que font beaucoup trop de biopics au cinéma comme Une merveilleuse histoire du temps (James Marsh, 2015). Loving est l’antithèse de ce film, il s’affranchit du côté un peu mièvre pour mieux mettre en avant ces personnages. Certes le film n’est peut-être pas parfait, il y a quelques petites longueurs sur la fin (le film dure quand même 2h) mais Nichols sait saisir les spectateurs par son talent.