J’ai ma petite théorie sur la question. Lorsqu’il s’agit d’une œuvre Pixar, le public s’attend souvent à un contexte qui frôle le génie, une animation qui repousse les limites de la technologie de l’industrie, une histoire inspirée, surprenante, et inattendue, et face à ce petit film mignon, qui n’a rien de tout cela, et qui se contente d’un thème sur l’amitié, presque trop facile, il va de soi que le public se demandera : c’est un Pixar ça ?
Alors OK, Luca n’a pas un contexte très poussé, mais l’histoire est profonde et parfaitement racontée, avec beaucoup de joie, une bonne dose d’émotions, de la comédie, et surtout un sens qui tient vraiment la route. Aussi, un Pixar n’est pas forcé de bousculer les codes, ou de vulgariser, de manière sublime, un concept métaphysique (oui, oui, je parle de Soul), il peut parfois nous faire partager un moment de pure émotion, nous faire apprécier une amitié toute mignonne, dans une sobriété et une simplicité surprenante. Bien sûr, ce résultat conventionnel donne l’impression que le studio s’endort sur les lauriers, ça m’aurait ennuyé si le film n’était pas abouti, mais en fait… il est super chouette.
Je me suis même sentie à deux doigts du coup de cœur. J’ai aimé, justement, cette sobriété, ces choses simples et essentielles que le film aborde, et je n’ai pas vraiment trouvé de défaut au film, si ce n’est qu’il obéit à des schémas trop classiques, mais une fois encore, ça ne me dérange pas vraiment lorsque c’est si bien fait. Il y a tout de même une chose que je n’ai pas aimée, la doublure française de la maman de Luca, qui rate complètement sa prestation. Chiara Mastroianni est peut-être la fille de Deneuve, mais elle n’a pas son talent. Les doublures des enfants sont carrément plus convaincantes qu’elle, un comble…
J’adore cette ambiance de la Riviera italienne, je suis ravi qu’un Disney-Pixar prenne enfin l’Italie comme cadre spatial. Le film nous fait voyager, en cette période morose. Les couleurs, les formes, sont réconfortantes. C’est un film qui fait ressurgir mon âme d’enfant, elle est juste là, pas très loin, à fleur d’une couche de cuivre d’adulte qui tente de la dissimuler, mais elle pointe son nez parfois, dans ces moments de grâce, lorsque des œuvres, telles que celle-ci, parviennent si bien à communiquer avec elle.
Le public essaie trop souvent d’intellectualiser des œuvres alors même que celles-ci s’adressent à nos cœurs, et non à nos têtes. Luca est une oeuvre qui fait battre les coeurs, c'est là son unique intention, et j'adore çà.
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