Dans les années 90, Claude Berri s'était spécialisé dans les films historiques comme producteur (La Reine Margot) ou réalisateur (Germinal).
Lucie Aubrac n'est pas vraiment un biopic sur cette résistante. Le film s'attarde plus précisément sur l'arrestation de Caluire où son mari, Raymond Aubrac, Jean Moulin, et d'autres résistants se sont fait arrêter par les Nazis. Lucie Aubrac illustre le combat et le courage de cette femme enceinte de l'homme qu'elle aime et prête à tout pour le faire libérer et lui éviter une condamnation à mort.
Comme Germinal, le film se veut très scolaire. De manière à pouvoir être diffusé en classe. On en a la preuve dès les premiers instants où Lucie Aubrac, institutrice à la base, donne, à ses élèves, sa définition de l'Histoire. On a pu reprocher à Carole Bouquet une interprétation trop froide (et sa beauté glaciale n'arrange rien) et la même chose à Claude Berri pour sa réalisation. C'est vrai que la photographie de Vincenzo Marano est très grise. Que les scènes de tortures ou d'exécutions sont montrées de manière frontale.
Mais c'est par cette sécheresse, que l'on retrouve aussi dans Germinal ou Tchao Pantin, que Claude Berri a voulu faire passer son message : une époque extrêmement sombre où règne la peur, la délation, la paranoïa. Où l'inhumanité des Nazis fait d'autant plus froid dans le dos que l'excuse habituelle "qu'il ne s'agit que d'un film" n'a pas de sens ici puisque ce sont des faits réels.
Un film académique mais nécessaire sur une époque dont on devrait se réjouir un peu plus, au lieu de se plaindre continuellement, de ne pas la vivre.