Lucky Chan-Sil
6.2
Lucky Chan-Sil

Film de Kim Cho-Hee (2020)

Kim Cho- hee, fut, de 2008 à 2015, productrice de Hong Sang-soo dans dix de ses films, et a réalisé de nombreux courts-métrages présentés dans divers festivals de films en Corée et à l'étranger. « Lucky Chang Sil » est donc son premier long métrage.
Dans la première scène du film, un personnage dit : « Le cinéma, n'est pas une question de chiffres . Ce n'est pas une question de note octroyée par la critique. Le cinéma, c'est … Pierre – papier -ciseau ».
Cette scène burlesque à la fin tragique sera reprise plus tard, enrichie de nouveaux dialogues plus explicites. Un hommage à Yasujiro Ozu et à sa fameuse toile de jute-générique est d'emblée utilisée, puis l'écran change de format, s'élargit, en un geste magique de cinéma.
L'ensemble du film oscille entre un ton doux-amer et un ton primesautier, toujours filmé avec une grande douceur, ce qui singularise la réalisatrice. Des lents travellings s'approchent ou s'éloignent des personnages très lentement, et toujours à propos.
Une réflexion sur le cinéma traverse le film de part en part, on peut voir dans ce plan récurrent de cognassier pourvu de fruits, en plein hiver, un hommage à Victor Erice et son « Songe de la lumière », Yasujiro Ozu est bien sûr à l'honneur, son cinéma étant opposé à un moment à celui de Christopher Nolan. Le cinéma de Hong-Kong est également évoqué, Leslie Cheung, mais aussi « Les ailes du désir » et « Le temps des gitans ».
Le cinéma, comme élément vital à la vie du personnage-titre est opposé aux sentiments, à la rencontre amoureuse.
Le récit avance patiemment, principalement filmé dans les lieux de nature de la ville, émaillé de phrases ou citations philosophiques. Les moments rêvés , les phases hallucinatoires enrichissent et donnent une autre dimension au film.
En filigrane, l'histoire coréenne est subtilement évoquée, dans cette réflexion sur les âges de la vie, où chaque personnage en incarne un, et où chacun aspire à vivre vraiment. Le film se conclut par un travelling avant pris d'une locomotive, d'abord en plein écran, puis s'éloignant lentement et laissant deviner la salle de cinéma, où un unique spectateur,


le fantôme de Leslie Cheung


, regarde puis applaudit l'arrivée du train dans un grand désert blanc de neige.

abel79
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le 20 oct. 2021

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