Sous un même angle de prise de vue que s'ils étaient Américains, mais avec un angle culturel différent, Francesco Rosi et ses sbires vont explorer New York, et plus particulièrement la mafia, comme de l'intérieur. Mais de l'intérieur, il y en aura trop : intérieurs de voitures, de commissariats, de larges vestes grises... on en viendrait à adorer bêtement les scènes où l'on ouvre une fenêtre sur un mur couleur ville.
Non vraiment, on passe trop de temps à se demander quelle audience pourrait être intéressée par ce film où tout le monde court après tout le monde pour en revenir au point de départ. Si l'œuvre avait fait cela pour relater les faits réels, c'eût été compréhensible, mais elle ne prend pas vraiment la peine de se remplir de quoi que ce soit d'autre. L'histoire est brodée sur le tissu râbaché d'une police sachant pertinemment qui sont les coupables de quoi, sans pouvoir pour autant les arrêter. Quant aux coupables, justement, on n'en saura rien de plus que l'image donnée indirectement par les médias et la foule, fascinés par ces truands qu'on ne voit jamais truander et qui passent du coup pour des stars.
Les discours sont bien pensés, et les acteurs maîtrisent ce qu'ils doivent filtrer de leur naturel pour personnifier les mafieux, mais on n'a pas l'impression que cela leur demande beaucoup de travail. On a l'impression de contempler un ballet de slow où l'on sait tout du long que les conséquences seront sans importance. Lucky Luciano, tout le contraire d'un film qui marque.
Quantième Art