Lucy, ou comment faire un navet prétentieux
Je suis sorti de la séance de "Lucy" habité par un sentiment inédit en de telles circonstances. J'en suis sorti en me sentant sali, floué, abusé par un film extrêmement mauvais et prétentieux. Et je m'en veux à moi-même encore plus, comment ai-je pu croire que les promesses que j'ai cru déceler dans le film étaient les intentions du réalisateur plutôt que mes propres attentes de cinéphile ?
Pour développer mon propos, je crains de ne devoir forcément dévoiler des passages du film (est-ce bien grave dans le cas présent ?). Vous qui lisez la suite, vous aurez donc été prévenu ! Des tas de spoilers arrivent... ;)
Le tout début du film m'a laissé un sentiment mitigé, ni bon ni mauvais, disons quelconque. Luc Besson démarre son intrigue en ne posant ni ses personnages ni son propos, mais d'autres films s'en passent sans trop de soucis. Puis rapidement le sentiment se dégrade, à mesure que des images animalières viennent faire comprendre au spectateur béta que la pauvre Scarlett est désormais la proie de dangereux prédateurs. Je n'ai rien contre les "inserts" animaliers (ou d'autres films, d'autres moments, etc.) du moment que cela apporte quelque chose. Ici ça n'est pas le cas, on est premier degré, ça reste à ce niveau et c'est tout. On a limite l'impression que cela permet à Besson de gagner quelques minutes car il était un peu court en durée de script (on y reviendra).
Je passe rapidement sur les images dispensables qui nous montrent que le méchant est très méchant car il fait des choses pas belles qui mettent du sang sur ses grosses mains de méchant et en plus il n'a aucune patience, le vilain méchant qu'il est et parfois il parle fort ! Bon, à ce stade du film, j'en suis déjà à me demander ce que je fais là... Je passe sur les motivations de toute la bande de méchants qui choisit sa façon de faire comme elle veut, après tout car Luc nous le rappelle, ce sont des très méchants ! Je passe aussi (et pour le reste du film) sur sur les performances des acteurs (de façon générale, on se demande à quoi servent les personnages secondaires, en gros aucun n'aide vraiment l’héroïne, aucun n'a l'air de maîtriser son sujet, etc.).
J'en arrive donc directement à l'effet majeur, selon Besson, d'une augmentation de l'utilisation de son cerveau : la perte totale de moralité ! Notre étudiante lambda, passant de 10% à 20 puis 30%, etc. d'utilisation de son cerveau (même ce postulat de départ est d'ailleurs faux, il faudra que je retrouve des études sérieuses tiens) se met à tuer des innocents (elle est pressée il faut dire) et des sbires de l'organisation de méchants. Bon, mais pas le grand chef, sinon Luc n'aurait plus eu que 18 minutes de film ça aurait été dommage. Elle prend ce qu'elle veut, quand elle veut, après tout n'est-elle pas désormais une homo superiorus ? (pardon pour l'appellation ironique). Et en fait, le spectateur lambda, lui, se demande si Luc ne se serait pas trompé dans le décompte, plus on augmente en % et moins elle utilise son cerveau, c'est ça ?
La suite est évidemment du même acabit, Besson pille le 7ème art en multipliant des références (il m'a semblé que c'en était en tout cas) sans vergogne et sans appuyer son propos (Tree of life on l'a déjà vu plus haut, du 2001, du Matrix, et malheureusement beaucoup de Taxi j'ai l'impression). Les voitures s'empilent les unes sur les autres dans Paris à mesure que le spectateur souffre ! Car c'est bien le sentiment qui m'a pris durant toute la séance, une souffrance, une lutte pénible pour rester dans la salle et assister à un ramassis de scènes prétentieuses en plus d'être mauvaises.
Quand vient enfin la fin, et quelle fin mes amis, on se demande même si le script contient une mention de scène de fin tant la vacuité de celle-ci fait peur, notre être suprême, qui a été capable à moins de 50% d'utilisation de son cerveau de se connecter aux souvenirs du grand chef des méchants et d'y trouver non pas uniquement ses propres souvenirs mais également ceux de toutes les personnes présentes dans la pièce, se trouvant maintenant à 100% ne trouve comme idée pour transmettre ses connaissances qu'une... clé USB... Luc a osé... Sacré Luc. Ha mais attention, une clé des étoiles, brillante et tout et tout ! :D Bref, quand vient la fin, on se félicite de n'avoir signé que pour 1h30.
Aller, une note positive pour terminer, il y a une scène plus que correcte dans le film, elle aurait même pu être énorme si le texte avait été mieux écrit. Notre étudiante appelle sa môman pour lui dire ce qu'elle ressent et pendant 2 minutes ma note monte à un bon 7, j'ai même trouvé Scarlett très crédible durant ce court instant. Mais 2 minutes de 7 contre 1h28 proche de 1, je vais laisser ma note à 1 tout de même.