Soyons objectifs, si le film est un monument, il possède aussi des imperfections, il est tout de même permis de s'interroger sur sa longueur, sur cette volonté de ne rien gommer ou raccourcir. Certains dialogues sont trop écrits. trop théâtraux et manquent de concision (notamment entre le roi et le colonel ou celle avec l'acteur de théâtre) On a même droit à de l'hors sujet (le petit Noël chez les Wagner). Mais bon, l'ennui ne nous envahit jamais et le positif l'emporte tellement, et Visconti decrit parfaitement le parcours de ce roi qui n'a rien compris à son rôle, mégalomane, illuminé, naïf, homosexuel refoulé puis affirmé, sa longue descente aux enfers est magistralement narrée grâce à un Helmut Berger habité par le rôle et une mise en scène démente et inspiré. Les dernières scènes du film sont à ce propos hallucinantes. Et puis il y a les costumes, les décors de folie, le château de Neuschwanstein, ses fausses grottes et ses cygnes illuminés… vous me direz ça ne fait pas un film, non mais ça ne gâche rien et ça l'enjolive ! Pour des raisons bassement mercantiles on a placé Romy Schneider en tête d'affiche malgré la modestie de son rôle, mais elle est loin de démériter, on remarquera aussi Trevor Howard incarnant un Wagner plus vrai que nature et pas trop net et Silvana Mangano rayonnant de grâce et de beauté. Quant à Helmut Berger, c'est bien simple : il EST le roi de Bavière.