Luchino Visconti en est alors au crépuscule de sa carrière lorsqu'il met en scène Ludwig - Le Crépuscule des Dieux en 1972 (il décédera 4 ans et deux films plus tard), évoquant la vie de Louis II de Bavière.


Visconti dresse ici le portrait d'un jeune roi rêveur, amateur d'opéra et plus particulièrement Wagner, s'inventant des mondes imaginaires mais semblant tout le temps en décalage avec la réalité et la vie autour de lui. Le cinéaste italien retranscrit à merveille la vision de cet homme qui ne trouve pas sa place dans le monde et profite de son statut pour vivre à sa façon, que ce soit sexuellement ou dans les actes, à l'image des constructions de châteaux de contes de fées. Il montre notamment ce décalage à travers son entourage et la galerie de personnages gravitant autour de lui, que ce soit sa cousine ou Richard Wagner.


Si l'oeuvre a le mérite d'être intéressante tout le long, voire parfois passionnante et sachant retranscrire des sensations (sans non plus être bouleversante) venant des personnages, elle n'en reste pas moins légèrement faillible, notamment à travers un ensemble parfois un peu trop pompeux et quelques baisses de rythmes. Si c'est dommage, c'est loin d'être décevant, bien au contraire même tant Visconti démontre à nouveau toute sa maîtrise derrière la caméra, sachant rendre intéressants les personnages et enjeux et surtout en faire ressortir la complexité et la richesse, peignant des portraits forts.


La folie est au cœur du sujet, notamment la perception de chacun et la façon dont on la donne à Louis, alors que ça ne semble être qu'un moyen de défense et un rempart face au monde extérieur. Souvent beau par le fond, le film l'est aussi dans la forme avec quelques plans magnifiques,sublimant les lieux (Neuschwanstein ressemble ici à un rêve sorti d'un conte de fées), donnant une ambiance prenante et parfois fascinante et onirique et une maîtrise totale de Visconti derrière la caméra. Interprétant pour la quatrième fois le rôle de Sissi, Romy Schneider est remarquable, tout comme Helmut Berger dans le rôle principal.


Luchino Visconti propose avec Ludwig - Le crépuscule des Dieux une oeuvre aussi longue que forte et souvent fascinante, avec une atmosphère onirique et des portraits passionnants, faisant oublier les quelques failles que l'on peut lui trouver.

Docteur_Jivago
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le 5 févr. 2017

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