[Titre qui n'a pas grand chose à voir avec le film - si ce n'est une certaine proximité lexicale - mais qui se veut un petit hommage au grand Guy Goffette qui publie ce jour une nouvelle beauté littéraire]
Après un entretien qui ressemble fort à une séance d'humiliation, Lulu, femme au foyer tendance désespérée, choisit de ne pas reprendre le train qui la conduira auprès de ses 3 enfants et de son brutal mari.
Sans le sou mais bien décidée à s'accorder une parenthèse bien méritée, la jeune femme - bouleversante de naturel et de pudeur - va se laisser porter par le hasard. Hasard qui va la faire croiser des êtres aussi cabossés que généreux qui vont peu à peu la réconcilier avec son destin en lui ouvrant les yeux.
Une très belle ode à la liberté qui m'a parue moderne, féministe et courageuse dans son discours et esthétiquement très réussie. Les plans maritimes, avec le soleil qui joue à cache cache avec les cumulus, ont ravie l'amatrice de poésie que je suis. Presque des tableaux, aussi, ce qui renvoie finalement à mon titre qui n'est autre qu'un essai consacré à Bonnard.
Bonnard qui n'aurait sans doute pas boudé son plaisir à observer Karin Viard qui, telle une Vénus, sort des eaux en tenue d'Eve pour venir embrasser son flirt (l'adorable Bouli Lanners, une vraie révélation).
Plaisir aussi de revoir Claude Gensac dont mon souvenir d'elle s'attache surtout à ses irrésistibles rôles excentriques auprès de De Funès - et que je redecouvre ici, touchante mamie en quête de réconciliation.
Un joli film, qui pèche parfois par son manque d'envergure dans son propos, mais qui rend bien, avec modestie et humanité, la commune recherche de bonheur et d'apaisement qui est notre lot à tous.
Très émouvante Karin Viard, avec son personnage qui lui colle à la peau, et qui prouve, si besoin était, qu'elle est capable de faire du plus petit destin un très grand moment de cinéma.