Patrick Bouchitey et Jean-François Stévenin jouent deux mecs marginaux ; le premier est complètement paumé et vit aux crochets de sa soeur ainsi que son beau-frère tandis que l'autre travaille dans une poissonnerie. Leurs virées nocturnes vont de rencontres étranges à des confessions alcoolisées, jusqu'à la rencontre improbable d'une jeune femme blonde, retrouvée morte dans une ambulance, et prise pour une sirène...
Inspiré de deux nouvelles de Charles Bukowski, Patrick Bouchitey avait déjà réalisé une première version du film sous forme de court-métrage de 26 minutes, qui est d'ailleurs repris pour la dernière partie. Cet essaie a tapé dans l’œil à un certain Jean Reno qui va en parler à Luc Besson, lequel va accepter de produire ce premier film à la fois impressionnant visuellement, étrange, saugrenu, mais surtout dérangeant.
Je devrais dire dans le bon sens du terme car il provoque des réactions assez contrastées, mais on se dit Bouchitey réalise ce film avec ses tripes, comme s'il y avait une forme d'énergie du désespoir devant cette histoire qui prône avant tout l'amitié, lui et Jean-François Stévenin sont excellents, mais comme si une fleur pouvait émerger d'un tas de fumier. Je ne dirais pas que c'est à voir par tout le monde, d'autant plus qu'il y a deux scènes de nécrophilie, mais cela participe à l'étrangeté de Lune Froide, à la fois fascinant par sa photo en noir et blanc, mais qui remue, car on ne peut pas dire qu'il y ait un personnage ordinaire là-dedans. Mais quelque part, à l'image de la toute fin, une certaine poésie, qu'on pourrait dire macabre, s'en dégage.
Ce qui fait regretter que Bouchitey n'ait pu réaliser qu'un autre film, en 2005 (Impostures), car il avait indubitablement quelque chose.