Hooker in the Dark

Après plus de 10 ans d'absence derrière la caméra, l'octogénaire Dario Argento revient... au giallo. Va-t-il chercher à réinventer ou pasticher ce genre qui l'a rendu célèbre, et qui est désormais régulièrement référencé dans le cinéma d'horreur ? Que nenni !

"Occhiali Neri" est un giallo premier degré tout ce qu'il y a de plus sérieux, ne jouant jamais la carte du méta. On y suit une prostituée, rendue aveugle par un tueur en série, et qui va être traquée par celui-ci. Elle sera aidée par un orphelin chinois dont les parents ont été des victimes collatérales du tueur.

Le concept de l'aveugle menacé(e) par un tueur n'est pas neuf. On le retrouvait déjà dans "See No Evil" de Richard Fleischer, ou "Blink" de Michael Apted. Même dans le deuxième film d'Argento, "Il gatto a nove code", l'un des protagonistes était aveugle.

Néanmoins le réalisateur utilise une approche quasi dramatique assez agréable, faisant passer l'enquête policière et la caractérisation du tueur totalement au second plan (comme souvent dans les gialli). Il se centre surtout sur cette call-girl (touchante Ilenia Pastorelli) contrainte de revoir son mode de vie et ses relations sociales, bref de se repenser alors qu'elle est isolée.

Je ne vais pas mentir, il y a bien quelques petites longueurs, même sur 1h25. Mais outre les deux personnages principaux attachants, l'ambiance fonctionne bien. Si Dario Argento ne tourne plus à la manière baroque des années 70 (et c'est dommage !), il sait manier sa caméra, et rendre des plans inquiétants. Il est toujours adepte des exécutions graphiques. Et Il est ici appuyé par une jolie musique électro signée Arnaud Rebotini, à deux doigt du synthwave, qui évoque le cinéma d'horreur des années 70/80. La rumeur raconte qu'Argento voulait initialement engager les Daft Punk (!), mais ils se sont séparés avant la production du film...

Finalement, "Occhiali Neri" est une jolie surprise. Sans évidemment atteindre les sommets précédents du réalisateur, je dois avouer que ça fait plaisir de revoir un giallo à l'ancienne en 2023, sans cynisme ni fioriture.