Lux Æterna
6.5
Lux Æterna

Moyen-métrage de Gaspar Noé (2019)

On est passé près de la catastrophe.

Lux Aeterna est un truc que Noé n'avait pas prévu. On lui a apporté ce projet sans scénario, et il devait bricoler un truc express en moins de 2 mois. 5 jours de tournage furent nécessaire, et ce qui devait être un court métrage n'a cessé de se boursoufler pour aboutir au format bâtard de 50 minutes, truc improgrammable en dehors des festivals (autant dire que j'ai mal d'avoir payé un tarif complet pour un demi-film de cette qualité). Car comme ce projet surprise s'est improvisé au dernier moment, Noé n'a pas préparé grand chose. On sait qu'il se soucie peu des dialogues, mais qu'il peaufine la mise en scène et le montage, ces deux choses qui prennent du temps et qui transforment les bordels que constituent ses rush en oeuvres sensitives qui arrivent dans nos salles obscures. Et bien ici, par manque de préparation, les partis pris qui faisaient la force de Noé révèlent toutes leurs faiblesses. Les dialogues n'en peuvent plus de se rallonger, les intrigues multiples s'étendent sans apporter autre chose qu'un peu de cabotinages, les split screens totalement gratuits masquent à peine la platitude du décollage vers l'anarchie, et l'anarchie n'a rien du festival psyché promis par l'affiche (beaucoup plus jolie et travaillée que le film). La faute à une mise en scène plate et un montage paresseux qui tire finalement assez peu de l'effet stroboscopique, et finit même avec son absence de musique par devenir désagréable, tombant dans le mauvais côté de l'expérimental qui agresse le spectateur par de mauvais dosages d'effets.


Toutefois, la débâcle reste modérée. Béatrice Dalle crève l'écran, et Charlotte, sous valium pendant la première partie du film, finit par donner une petite performance dans le final. Petite, mais quand même, malgré la déception, c'est elle qui permet au film de ne pas couler. Sinon, à part s'amuser à reconnaitre quelques acteurs (ah, le mec de Love, ah, la mannequin de Neon Demon...), le film offre peu, et de révèle plutôt long pour ce qu'il raconte au final. Il passe aussi à côté de la triple performance d'actrice qui aurait un peu plus amplifié le final, qui manque de folie pour devenir le climax qu'on attendait. Et ce n'est pas parce qu'on fait un film dans un film que le résultat est meilleur. L'approche d'une oeuvre en train d'être massacrée par une production chaotique était un angle d'attaque passionnant, le résultat manque trop de rythme pour faire décoller le tout. Reste que les improvisations des actrices, à défaut de faire décoller le film et de lui donner l'aura mystique recherchée, nous tirent quelques rires qui allègent le ton du visionnage.

Voracinéphile
5
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le 26 sept. 2020

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