Dans ce moyen métrage de 51 minutes Gaspar Noé s'intéresse à la sorcellerie, ou plutôt il fait une mise en abyme de son intérêt à faire un film sur la sorcellerie, puisqu'on a le droit dans ce film à un tournage de film (comme dans La nuit américaine, par exemple). Ici c'est Béatrice Dalle qui réalise un film sur la sorcellerie avec Charlotte Gainsbourg dans le rôle principal. Le tournage du film est perturbé par différents protagonistes dont Karl Glusman (qu'on avait pu voir dans Love). Rien ne se passe bien, c'est le bordel (comme dans Climax). C'est un huis clos. Le procédé de l'écran scindé est utilisé (split screen). La fin nous donne le droit à des images qui clignotent à presque donner une crise d'épilepsie, reprenant la citation de Dostoievski du début du film :
« Vous êtes tous en bonne santé mais vous ne pouvez pas vous douter du bonheur suprême ressenti par l’épileptique une seconde avant la crise. Tout le bonheur que l’on reçoit dans une vie, je ne l’échangerais pour rien au monde contre celui-ci »
qui nous montrait ensuite des images de La sorcellerie à travers les âges de Benjamin Christensen (1922).
Au final, on ne voit pas tellement le rapport avec la sorcellerie, qui était pourtant un thème de film intéressant, on ne sait pas trop où Gaspar Noé veut nous emmener, sinon qu'il nous propose une expérience visuelle intéressante à la fin du film. Mais quel est l’intérêt de l'écran scindé ? Gaspar Noé expérimente encore, mais le choix des procédés n'est pas toujours justifié, et si c'était réussi dans Enter The Void ou dans Love, Lux Æterna comme Climax nous donne un goût de travail un peu raté.
Pour les amateurs de cinéma psychédélique déçus par l'exploitation qu'à fait Noé du thème de la sorcellerie on regardera le long métrage d'animation japonais Belladonna (1973) qui a été restauré récemment et que le réalisateur semble avoir regardé avant de faire son film.