Un premier film qui nous émeut. La réalisation est encore maladroite mais ponctuée de temps forts.
La détresse est palpable. Mo est un caïd jusqu’à un certain point. Sa rencontre avec Lila va tout faire basculer. Lila, la belle, la douce Lila. Elle est moquée et méprisée pour son handicap, seul son prof de français la soutient car elle est brillante, mais ses mots restent à l’intérieur. Elle a peur de prendre la parole, peur que la parole lui échappe et ne se casse la gueule en rebondissent bruyamment, alors elle se tait, en cours comme dans la vie. Bientôt l ‘oral de Français , elle est déjà vaincue avant la bataille. Puis vient Mo qui va lui arracher les mots, par amour, par respect devant cet ange blessée.
Avec Mo, Lila va s’épanouir, les mots s’échappent pour respirer, sa parole prend l’air. Lui, les mots il les a, mais ne sait pas les lire ni les écrire. Une rencontre improbable qui nous emporte par sa pudeur et sa tendresse.
Lila vit avec sa soeur et son père (Jean-Pierre Léaud). Un drôle de père agacé, ne sachant pas aimer, brutal parfois insultant. On réalisera plus tard que l’amour est là, caché comme la parole, incapable de s’exprimer.
Jean-Pierre Léaud est épatant. La jeune soeur Soraya (Liv Andren) est pétillante, effrontée, maligne mais son rôle est un poil trop érotisé, ça met mal à l’aise sans que l’on comprenne forcément les raisons.
Mo est dévoré par la crainte que Lila découvre son handicap. Il s’emporte quand la petite soeur le surprend en difficulté, mais cette scène est dérangeante. Il devient brutal et inquiétant, comme plusieurs fois dans le film quand il est pris en défaut.
Redouane Harjane est un jeune comédien qui joue à l’instinct, entre bestialité, tendresse et doute.
Sara Forestier nous donne son regard sur la vie, c’est sobre et poignant, malgré quelques petites maladresses qui ressemblent à des doutes. Une bonne comédienne qui passe à la réalisation et au scénario avec intégrité et pudeur.
Blog CineVu