La nuit, un homme qui nous est encore inconnu chante des chants liturgiques, parallèlement, il nous raconte son enfance, durant laquelle il fût violé à répétitions.
Yolande Zauberman film de près, de très près les visages de ses personnages, je parles bien de personnages et non de personnes, épiant ainsi leurs moindres micro gestes, et dessine ainsi une cartographie émotionnel de chacun des personnages. Ainsi nous écouteront Menahem tout en épiant les moindres fixations de son visage durant les 1h45 du documentaire.
Le documentaire commence par une alternance entre des séquences où l'on découvre petit à petit l'histoire de M, avec des séquences où il recherche ses anciens violeurs pour les confronter, dessinant ainsi une trajectoire proche d'un revenge movies (d'où l'utilisation du terme de personnage). Mais tout le génie du film est d'introduire, petit à petit, des séquences de poésies, qui viennent remplacer de plus en plus la tram narrative originale. Mais là n'a pas lieu un remplacement du sujet du film, Menahem, tout au contraire. Parce que au fur et a mesure des rencontres de notre personnage, il avance dans sa quête, qui devient non plus une volonté de confrontation, mais de rédemption. Ainsi, ses moments de poésies ne sont pas un caprice esthétique de la réalisatrice, mais tout au contraire une idée brillante pour nous faire ressentir l'avancé du personnage dans ses objectifs.
Partant d'une histoire personnelle, le film finit par décrire une société sectaire, où la pédophilie touche une très grande partie des habitants de cette ville, mais où elle reste encore ignoré, où les victimes se taisent. Alors le film s'ouvre, la caméra délaisse presque le personnage dans certaine séquence, pour mieux se concentrer sur l'ambiance de la ville, de la communauté qui y vit, de son drame qui se trame en sous terrain. Les images revêtent alors une ambiguïté crasse passionnant à suivre, à regarder.
Cette ambiguïté atteint son acmé quand une ancienne victime de pédophilie, finit par avouer avoir elle-même violé des enfants. Le cercle vicieux dont parle le personnage, est celui d'une société dont le contrat sociale semble se refermer dessus. Tout le monde le sait, tout le monde le tait. Ceux qui l'ouvrent se retrouvent exclue, deviennent donc inapte à en parler, telle Menahem qui explique au début n'avoir pas vu sa famille pendant plus de 10 ans.
La beauté du film provient de la fin, quand le personnage finit par se réconcilier avec cette communauté qu'il a tant rejeté au cours de sa vie, et que la narratrice, qui intervient à certain moment du documentaire, cite kafka, le couteau qui sert à la fois à agresser la société, sert aussi à mieux la défendre. Dénonçant ses travers, le couteau permet de purger les vices, de les mettre aux grands jours pour refermait les plaies, cautérisant la société.