M et le 3ème secret par Gilles_P
Gros sentiment de malaise à la vue de ce film, en présence du réalisateur et du producteur. Le travail de recherche est évident, important et bien restitué, là n'est pas le hic. Un film sur Marie, il est vrai que cela n'est pas fréquent et est franchement méritoire.
Marie n'invoque-t-elle pas l'Amour par essence-même, la Compassion, la Tendresse, l'accompagnement ? Bien sûr que oui, et c'est d'ailleurs ce qui est témoigné, en accessoire, dans le film à travers de multiples témoignages et images.
Mais le propos de Pierre Barnérias n'est pas là. Son enquête vise les fameuses révélations que la Vierge a faite, en 1917 à trois jeunes enfants, révélations tenues secrètes par le Vatican. Là encore, pourquoi pas, mettre à jour des faits dissimulés par une institution aussi puissante, ne peut qu’intriguer et je peux comprendre que pour beaucoup cela puisse être considéré comme inconcevable. Rien de choquant donc.
Ce qui l'est beaucoup plus, c'est l'absence totale de recul sur le secret dévoilé, l'absence totale de positionnement ou de tentative de compréhension, notamment au regard de la dimension historique des propos. Le fait est "révélé" dans sa plus totale brutalité : l'homme a fauté, l'apocalypse est pour demain. Le déluge n'est rien à côté de ce qui attend l'humanité !
C'est le retour d'un Dieu vengeur, d'un Dieu manichéen, dont nous pensions la vision enfin dépassée. Et c'est cela qui dérange doublement en attribuant de plus à Marie ce rôle d'émissaire de la vengeance divine, sans aucune trace de compassion, sans espoir aucun. Il nous reste le rosaire, non pour nous sauver, mais simplement pour apaiser nos douleurs.
Un juste travail journalistique aurait consisté, après avoir dévoilé ces propos, à les restituer dans sa dimension historique, à s'interroger sur sa pertinence aujourd'hui, sa cohérence avec les préceptes fondamentaux du divin. Comment ne pas s'étonner, surtout dans le contexte actuel, de cette contradiction fondamentale qu'on sait parfaitement stigmatiser chez quelques représentants de l'Islam qui prônent la violence au nom de leur religion, et ce qui est véhiculé dans ce film au nom de Marie : un Dieu qui n'est qu'Amour s’apprêtant lui-même à déclencher la plus violente apocalypse qui soit en détruisant ses propres enfants ! On se souvient de ce slogan affirmant que les hommes ont crée Dieu à leur image mais on peut préférer cette belle phrase du livre de N.D. Walsh où, évoquant l'idée d'un Dieu vengeur il précise qu'alors ... il s'agirait d'un bien petit Dieu !