Après le succès d’estime obtenu avec « P’tit Quinquin », on peut comprendre que Bruno Dumont ait souhaité exploiter le filon au cinéma. Même toile de fond (le Nord Pas-de-Calais), « gueules » similaires pour le cru local, même esprit loufoque et décalé qui ne cache pas cependant un état d’esprit profondément méprisant et malsain. Il change cependant de période (début 20ème siècle) sans doute pour faire taire cette fois-ci les critiques subies pour sa mini-série. Le Nord Pas-de-Calais d’alors peut bien paraitre grotesque, tout le monde s’en moque.
Jeu outré des comédiens, émincés de scénario, mise en scène approximative et cadrages imprécis, interminable, sont pour les mauvais points de ce film putassier ! Mais contrairement à « P’tit quinquin » tout n’est pas entièrement négatif. Certes il faut faire face à ces salves vipéreuses et dénigrantes, pour Dumont pas de salut pour quiconque, puissant ou misérable, l’humain est abject ! Il est d’ailleurs plus à l’aise à critique sa propre caste, la petite bourgeoisie. Certaines situations provoquant même un ou deux sourires.
Le choix du décor est lui intelligent. Le Typhonium, est au cœur du film. Cette villa conçue par Edmond Devigne et son épouse, dans un style égyptien un poil revisité, à elle seule, relate beaucoup plus la folie douce de cette bourgeoisie d’alors en quête de lieux de villégiature, que toutes les simagrées et autres tics qu’empruntent les acteurs. Dumont sait filmer aussi le littoral. Même s’il n’arrive pas à recréer la lumière unique la Côte d’Opale, au moins il a su capter l’essence de ces paysages. Enfin presque… les conifères ne sont pas légion dans la région. Là où il est très fort, et c’est la plus belle scène du film, c’est quand il nous montre le sauvetage. Un instant, un instant seulement, on se dit que Dumont n’a pas fait que regarder la Flandre au sommet de sa tour d’ivoire… Je n’oublie pas non plus Valeria Bruni Tedeschi, de tout le casting, elle est la seule à vouloir vraiment crédibiliser l’entreprise, et elle s’en sort avec grâce, Binoche, Lucchini étant eux profondément insipides !
J’avais détesté « P’tit Quinquin », je dédaigne « Ma loute » au niveau du regard que porte Dumont sur les autres, le mépris !