Ma meilleure ennemie par RemyD
Chris Colombus, pape de la comédie familiale ("Maman, j'ai raté l'avion 1 et 2", "Mrs Doubtfire", "Neuf mois aussi", etc.), sombre dans un mélo incolore et inodore.
Quand les Américains donnent dans les bons sentiments, on a souvent l'impression que Hollywood est dirigée par des adeptes convaincus de Ron Hubbard. "Ma Meilleure Ennemie" ("Step Mom" en version originale signifie belle-mère) fait étalage des sentiments les plus sirupeux, si chers aux habitants du nouveau monde. On a l'impression d'être au milieu d'une publicité vantant les mérites de la vie de famille. Un simple coup d'oeil sur le synopsis vaut mieux qu'un long discours.
Un homme (Ed Harris) vit avec sa maîtresse (Julia Roberts). C'est son ex (Susan Sarandon) qui s'occupent le plus souvent de leurs deux enfants. Mais, elle est condamnée par un cancer incurable. Elle va s'efforcer de transmettre son amour maternelle à sa rivale. Aïe, aïe! Pour vendre ce pensum, on fait appel à deux mégas stars féminines qui, après s'être affronté pendant deux heures, se tombent dans les bras l'une de l'autre. On demande à Chris Colombus, spécialiste du film familiale de mettre en boîte la chose et on base toute la promotion du film sur le jeu des comédiennes en insistant lourdement sur leurs soi-disant performances.
Parlons-en. Julia Roberts s'en sort plutôt bien, grâce à la relation hostile qu'elle a avec sa belle-fille. Pour peu, on se laisserait séduire par cette nunuche maladroite avec les enfants, mais possédant un coeur d'or 48 carats au moins. Quant à Madame Susan Sarandon, malgré ses performances passées et son Oscar, il faut bien avouer qu'elle fait ici une piètre démonstration de son immense talent.
Ajoutez à cela un Ed Harris sous employé et deux enfants mignons et vous obtenez un mélo consensuel, désuet et philosophiquement très bas de plafond. Bien sûr l'emballage et tout à fait convaincant, mais, et c'est là un syndrome typiquement hollywoodien, le contenu du paquet reste quasiment inexistant. En définitif, "Ma Meilleure Ennemie" ressemble à la promotion d'une secte pro famille, un prêchi-prêcha du genre comment rester digne face à la maladie.
Et comme le disait si bien Robert De Niro dans son unique film de réalisateur ("Il était une fois le Bronx"): "Il n'y a rien de pire qu'un talent gaspillé!"