Avec l’adaptation cinématographique du livre éponyme et autobiographique de Roland Perez, Ken Scott revient à ce qu’il sait faire de mieux : le feel-good movie entre rires et émotions. Cette l’histoire vraie (mais que l’on sent un chouia romancé pour l’écran) s’avère aussi touchante qu’incroyable. L’auteur et donc personnage principal est au centre d’une comédie dramatique plutôt réussie et satisfaisante mais parfois également un peu facile et prévisible. Il est certain que l’on passe un bon moment (qui dépendra aussi de notre humeur du jour) mais que les chemins balisés et passages obligés de ce type de film sont clairement empruntés à maintes reprises.


On retrouve bien la patte du cinéaste québécois dans ce nouveau long-métrage, habitué qu’il est à ce genre d’histoires. Découvert avec le carton « Starbuck » qui a eu droit à son remake français qu’il a produit (« Fonzy » avec José Garcia) mais aussi à sa variation américaine avec Vince Vaughn (« Delivery Man ») qu’il avait lui-même réalisé, il s’était ensuite fait rattraper par un certain chant des sirènes venant d’Hollywood. Il s’était alors fourvoyé dans des comédies américaines peu recommandables avant de revenir dans sa terre natale il y a deux ans avec le joli film de Noël, « Au revoir le bonheur ». Avec « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan », voilà donc son premier essai français.


Ce qui mettra tout le monde d’accord avec ce long-métrage nous vient probablement de ses deux acteurs principaux. Jonathan Cohen qui apparaît dans la seconde partie quand Roland est adulte nous surprend. On adore l’acteur et humoriste pour ses talents comiques multiples, tel un véritable couteau suisse du rire. Dans ce domaine il est incroyable. Mais dans un rôle sérieux et presque dramatique on avait rarement eu l’occasion de le juger et, ici, il excelle et étonne, très à l’aise dans les moments plus tragiques et dans l’émotion. Il s’accomplit différemment dans cette oeuvre, laissant doucement disparaître le clown et showman et c’est tant mieux.


Néanmoins, c’est surtout la composition littéralement bouleversante et renversante de Leila Bekhti qui marquera durablement les esprits et qui mettrait presque celle de Cohen en arrière-plan. En mère poule intrusive mais aimante qui va se battre bec et ongles pour que son fils marche, elle est impériale. Et la comédienne se trace une voie royale pour minimum une nomination aux prochains Césars si ce n’est la récompense suprême. Émouvante, déchirante, touchante mais aussi très drôle, elle s’imprègne de ce personnage magnifique et haut en couleurs avec maestria. Elle irradie le film et lui confère toute son énergie. On est moins convaincu des apparitions d’une Sylvie Vartan détruite par la chirurgie à tel point qu’elle a du mal à articuler mais c’était un passage obligé.


La mise en scène de Scott et assez dynamique et en totale adéquation avec cette tranche de vie racontée de l’enfance à l’âge adulte. Colorée, vibrante et dotée d’une belle reconstitution de l’époque pour la partie enfant, « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » a de la gueule. Les maquillages vieillissants sont également très réussis. Le tout est donc agréable mais il s’en dégage tout de même un goût de facilité. Que ce soit dans l’expression des sentiments et des émotions (parfois) un peu forcé et dans l’enchainement programmatique des épisodes de la vie de Roland, on aurait peut-être aimé un peu plus de fantaisie et de surprises. La seconde partie souffre également de quelques longueurs, mais le tout reste de qualité, sympathique et a toutes les chances d’être un succès mérité.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 10 avr. 2025

Critique lue 80 fois

2 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

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