Ma nuit chez Maud par J. Z. D.
Oh, Maud, ces caresses égarées entre les fourrures de ses draps, ses joues tendues, les coins de ses lèvres posés contre des baisers d’au revoir. Maud, précieuse, aux jolies jambes, princesse alanguie, aux lèvres glacées, aux mots tendres et acides. Ses épaules au petit matin. Disparaissant : "J’aime bien les gens qui savent ce qu’ils veulent."
Jean Louis rencontre, à la veille de Noël, un vieil ami, qui l’emmène passer la soirée chez Maud.
"- Tu vois, si je t'ai dit de venir c'est que je sais très bien ce que nous ferions si tu ne venais pas ; nous ferions l'amour.
- Bah, alors je ne viens pas.
- Si ! Si ! Nous ferions l'amour comme ça, par désœuvrement. C'est pas une solution, ni pour elle, ni pour moi. D'ailleurs tu me connais je suis très puritain."
Jean Louis aussi l’est. Bien plus que lui. Jean-Louis croit, un peu jésuite, un peu janséniste – "les Jansénistes sont tristes." Elle est joyeuse, divorcée. Vidal, Antoine Vitez, amant rejeté, communiste athée - parfait ! - s’en ira bientôt, ivre, les laissant seuls. L’interrogatoire du nouveau venu est délicieux, presque cruel ; oh, Maud, ce regard, ce sourire, ces soupirs, ces cigarettes à sa bouche. Et j’aime cette passion de la religion, et les mathématiques et l'amour qui s'y mêlent, "Grâce à vous j’ai fait un pas vers le Sainteté. Les femmes ont toujours participé à mon progrès moral." Jean Louis parle trop, et j’aime aussi les gens qui parlent trop.
A un moment ce film avait un dix, dans ma tête, on était à une heure. J’aimerai bien dire des choses très chics sur Rohmer, remettre dans le contexte, reconnaitre les traits qu’il esquisse, mais non je découvre emerveillé ces lectures de Pascal qui se mêlent si bien aux grands jeux de l’amour et des probabilités.
"Courir les filles ça ne vous éloignent pas plus de Dieu que, faire des mathématiques."
La deuxième partie, Françoise, m’a déçue, un peu ; oh, si peu. Quelque chose de ce diner, de la légèreté de cette soirée devenue une nuit avait disparu dans la neige. [Souvenir délicieux d'un baiser brûlant sous une pluie de flocons.] J'ai eu du mal à passer à la suite, à suivre Jean Louis et cette blonde entre ses bras.
Dernier sourire avant la fin.
Même si l'éllipse m'a laissé un doute.
(Et puis, aussi, ce "zéro multiplié par l'infini", mais là aucune envie de développer.)