À l'origine du film Ma nuit chez Maud, il y a une nouvelle écrite par Eric Rohmer lui-même, en 1944, intitulée La Rue Monge. Il y raconte le « coup de foudre » qu'éprouve un jeune homme juste après avoir croisé une fille dans la rue. Cette attirance pour cette dernière est si grande qu'il se refuse, par fidélité, à avoir toute relation intime avec Maud, autre fille rencontrée peu après lors d'une soirée et chez laquelle il reste dormir. Bien lui en prend puisqu'il parviendra à la fin à retrouver la première fille avec qui il se mariera.
Directement, on peut voir que ce récit contient déjà toute l'intrigue de ce que sera le film 20 ans plus tard à la différence près que Rohmer, pour la version cinématographique, y ajoute un élément de poids en la personne de Blaise Pascal. En effet, le long-métrage fait constamment référence au célèbre penseur jusqu'à situer son intrigue dans la ville où celui-ci a vécu, Clermont-Ferrand. De plus, le réalisateur s'amuse à modeler le fameux pari de Pascal autour de la relation ambiguë qu'entretient le héros avec les deux femmes (à savoir qu'ici, il vaut mieux privilégier la relation avec l'inconnue rencontrée au hasard même s'il y a peu de chances que cela aboutisse à quelque chose).
En parlant du hasard, fort présent déjà dans la nouvelle, il prend ici la forme d'un miracle ou de la volonté divine grâce à l'aspect mystique dans lequel baigne la ville de Clermont-Ferrand en pleine semaine de Noël. Un très beau film !