Stéphane,trader français trentenaire en poste à Londres,est à la suite d'une promotion muté à Paris,où il a besoin d'une femme de ménage pour s'occuper de son luxueux appartement.Il engage France,une quadra dunkerquoise au chômage depuis la fermeture de son usine.Petit à petit ces deux personnes si différentes nouent des liens,non d'amitié mais de sympathie,surtout quand l'homme doit récupérer son petit garçon que son ex lui a fourré dans les pattes,et que son employée,mère de famille,sait gérer mieux que lui.Tout va donc pour le mieux,mais quand Stéphane se vante d'avoir fait fermer l'entreprise où bossait France la situation dérape salement.Cédric Klapisch,ci-devant réalisateur,scénariste et producteur du film,s'attaque donc ici à l'horreur économique et aux ravages du capitalisme prédateur,un thème très présent dans le cinéma français contemporain et qui a encore de beaux jours devant lui vu qu'en dépit de toutes ces dénonciations d'artistes indignés ça ne fait qu'empirer.La coïncidence présidant au déroulement du script est un peu grosse mais permet néanmoins habilement de fixer les enjeux.Il est cependant dommage que l'auteur peine à trouver une cohérence dans l'évolution de l'histoire et des personnages.Du coup on évite parfois le manichéisme.....pour sombrer en même temps dans la caricature.Sur le fond,le constat est juste et on ne peut qu'être révolté par un système où de pauvres gens galèrent pour gagner trois sous en travaillant dur pendant que des parasites en costard,bien au chaud dans leurs bureaux,peuvent d'un clic sur un ordinateur les priver de leur gagne-pain tout en se remplissant les poches.Ceci posé Klapisch navigue à vue et se montre hésitant dans la représentation du yuppie rapace."Steve",comme l'appellent ses amis anglais,fait l'objet d'un portrait méchamment chargé.Faiseur de fric sans aucun état d'âme,il ne pense qu'à récolter sa "part du gâteau" sans se préoccuper,quand il ne s'en réjouit pas,des conséquences de ses manoeuvres sur la vie des pauvres gens.Sur le plan privé ce n'est pas mieux car le mec est un sale con arrogant,macho,abrupt,pour qui tout est rapport de force.Mauvais mari,mauvais amant,mauvais père,il est également au départ un mauvais patron jusqu'à ce que l'influence bénéfique de sa femme de ménage adoucisse son caractère et l'ouvre à certaines réalités,avant que le naturel ne finisse par revenir au galop.Si le mec est une caricature,la description du petit monde des chômeurs nordistes est au contraire parfaitement angéliste.Eux sont gentils,chaleureux,solidaires,malgré les difficultés de leur existence.....jusqu'à un final complètement raté qui se veut être une sorte de Grand Soir mais n'aboutit qu'à être une petite soirée pitoyable d'une moralité douteuse.Signalons aussi quelques moments too much comme les ridicules accents slaves de France ou sa séance de courses au supermarché avec ses filles sur une chorégraphie de "Pretty woman".En conclusion ça aurait pu être bien,ça démarre pas mal,puis ça s'effrite progressivement pour in fine s'écrouler totalement.Le duo d'acteurs vedettes porte bien le film,entre un Gilles Lellouche impressionnant en bourrin cupide et une Karin Viard à l'aise en combattante du quotidien.Les autres acteurs apparaissent peu mais certains parviennent à extraire leurs personnages de la banalité,tels Zinedine Soualem,l'acteur fétiche de Klapisch,très bien en placeur de femmes de ménage,la super caliente Raphaële Godin en maîtresse blessée mais toujours amoureuse,ou un Philippe Lefebvre détestable à souhait en PDG atrocement méprisant.Pas assez de temps pour exister en ce qui concerne Audrey Lamy et Jean-Pierre Martins,la soeur et le beau-frère de l'héroïne,Fred Ulysse qui est son père,Kevin Bishop,l'Anglais ahuri de "L'auberge espagnole" et "Les poupées russes",en trader impitoyable,Alex Lutz en invité de soirée chic,Michel Masiero en ouvrier bas de plafond ou l'excité cégétiste Xavier Mathieu dans son propre rôle de syndicaliste.Quant à la bellissima Marine Vacth,elle a tout ce qu'il faut pour incarner un top model mais son rôle de mannequin midinette est vraiment trop ridicule.Notes et critiques de films de Cédric Klapisch publiées précédemment:voir critique "L'auberge espagnole".Nouvelle moyenne:6.