Si Klapisch ne semble pas renier ses origines et son style premier, celui qui l’a rendu célèbre, notamment par sa trilogie des Auberge Espagnole, lors d’un générique on ne peut plus « Klapischien », le reste du film semble pour autant dénoter avec le reste de sa filmographie. En effet le réalisateur s’essaie au social, genre français s’il en est. Et si l’opposition sociale qu’il trace entre ces deux personnages et leur milieu est très nette (on est bien face à deux extrêmes opposés), elle n’est pas grossière pour autant. Le fossé les séparant est immense (on passe par exemple du jet à la moto cross) mais toujours suffisamment fin pour être crédible. Cela grâce, notamment, à de belles scènes de famille touchantes et jolies, où le cinéaste déploie sa capacité réelle à rendre réalistes et humains ses personnages, fuyant tout pathos et ridicule sans pour autant les rendre insensibles à tout comique. Karin Viard trouve dans le rôle de cette mère de famille qui, pour subvenir aux besoins de sa famille, s’en va faire la femme de ménage (et même plus) à la capitale, un rôle en or. Gilles Lelouche forme avec elle un joli binôme drôle qu’une rapide histoire d’amour, inévitable dans une telle histoire mais ici bien amenée, viendra tout gâcher.
C’est alors que le film s’effondre un peu.
Sa dernière demie-heure, s’articulant autour d’un événement trop soudain et grave pour être aisément glissé dans ce qui se donnait auparavant comme une gentille comédie française jouant avec ironie sur les classes sociales, est mauvaise et donne un aspect raté à un film qui jusqu’alors, dans sa légèreté, était d’une efficace pertinence. Dès lors le constat social dérive en critique gratuite et simpliste du capitalisme, prenant l’évident parti des pauvres gens simples mais bons face aux connards friqués de la bourse parisienne. Le final est brutal, mal équilibré et trop sérieux pour être pris à sa juste mesure.
On est donc pris à court face à cette fin qui gomme soudain toute justesse et équilibre pour délivrer son message idyllique et gentil qu’une scène métaphorique balourde (avec des canards) laissait un peu plus tôt deviner.