Très heureux d'avoir découvert - tardivement - cette petite pépite, qui constitue à mes yeux la plus belle réussite du réalisateur Pierre Jolivet, artisan modeste mais prolifique du cinéma français depuis près de quarante ans.
"Ma petite entreprise" débute comme un drame social et évolue assez vite vers la comédie policière, ce qui illustre bien la volonté de Jolivet (et de son coscénariste l'ancien flic Simon Michaël) de jouer avec les attentes du public, de le surprendre.
En effet, la plupart des personnages se révèlent différents (au niveau de leurs intentions) de ce qu'ils semblaient être de prime abord, à l'image du courtier d'assurance incarné par François Berléand - comédien révélé sur le tard par ce film, s'adjugeant au passage le César du meilleur second rôle - dont on peine à cerner les motivations durant un certain temps.
Pour rester sur le casting, "Ma petite entreprise" est l'occasion pour le fidèle Jolivet de réunir deux de ses acteurs fétiches, Vincent Lindon et Roschdy Zem, tous deux excellents, ainsi que plusieurs seconds rôles souvent présents au générique de ses films (Albert Dray, Anne Le Ny, Zabou...).
Dommage en revanche que les deux ados ne soient pas à la hauteur du reste de la distribution.
Pierre Jolivet excelle pour donner vie à ces personnages, non dénués de défauts mais humains et attachants. Le réalisateur jouant habilement sur le déséquilibre des forces, on ressent beaucoup d'empathie pour cette petite troupe de bras cassés, fine équipe aussi improbable qu'hétéroclite, réunie autour d'un objectif commun.
Une métaphore utopique de la société dans son ensemble, au cœur d'un film optimiste et généreux, pas forcément hilarant mais diffusant une incontestable bonne humeur.
En prime, la musique est confiée à Alain Bashung, auquel le film emprunte son titre, chanson en adéquation avec le propos de Jolivet, qui ouvre et clôt "Ma petite entreprise".